Enquête: pourquoi les Marocains partent faire le jihad en Syrie

Une association a étudié les motivations des Marocains qui vont combattre en Syrie et en Irak: les jihadistes partent d'abord pour améliorer leurs conditions matérielles.

Par et

Crédit: AFP

L’Observatoire du Nord des droits de l’homme (ONERDH) a publié, le 23 novembre, un rapport sur les Marocains qui rejoignent les rangs des jihadistes combattant en Irak et en Syrie.  Intitulée « Les caractéristiques socio-démographiques des jeunes combattants marocains en Syrie et en Irak, originaires du Nord du Maroc » cette étude réalisée auprès de 30 jihadistes, parmi lesquels figurent deux femmes, analyse les raisons et les facteurs qui les ont poussés à rejoindre cette zone de conflit.

Première révélation de l’association basée à Tétouan, les principaux facteurs ayant motivé les jihadistes à rejoindre le Levant ne sont pas d’ordre religieux. En effet, selon le rapport de l’Observatoire, les combattants sont « en quête de gloire et d’aventure ». Mais pas seulement. Car « Ils veulent aussi améliorer leurs conditions matérielles ».  Les facteurs religieux, jihad et soutien aux personnes subissant le conflit, ne figurent qu’au second rang des préoccupations des Marocains qui rejoignent Daech ou d’autres groupes extrémistes de la région, d’après le document de l’ONERDH.

Des jeunes sans avenir

Selon l’ONERDH, environ un tiers des 1 500 Marocains ayant décidé de combattre en Irak et en Syrie viennent du nord du Maroc. 67% d’entre eux sont âgés de moins de 25 ans. A noter que l’échantillon étudié par l’ONERDH n’inclut pas de jihadistes âgés de plus de 30 ans.  Enfin, 74% des combattants interrogés par l’Observatoire sont issus de classes sociales défavorisées et habitent dans les quartiers pauvres de Fnideq, Martil et Tétouan.  Seuls 23% des jihadistes sont issus de la classe moyenne.

L’essentiel des jihadistes  interrogés vivaient reclus et n’étaient pas intégrés socialement. Ils travaillaient en tant que aide-commerçant, trafiquant, marchand ambulant ou aide-maçons.  Quant à leur appartenance politique, 90% des sondés affirment n’avoir jamais adhéré à un parti politique ou à une association. 10% d’entre eux -seulement- ont participé  au mouvement du 20-Février et ont soutenu la commission mixte des détenus islamistes

Recrutement sur les réseaux sociaux

Concernant les méthodes de recrutements des mouvements jihadistes, 40% des sondés affirment avoir été recrutés à travers des moyens traditionnels, à savoir : la famille, les amis ou les réseaux salafistes. Ces personnes font partie de la première génération de jihadistes combattant en Syrie, qui a rallié le pays entre 2011 et 2012. Le rapport pointe d’ailleurs du doigt la passivité des autorités marocaines qui a laissé les jihadistes rallier la Syrie a une époque ou le royaume « soutenait l’opposition syrienne et recevait le Congrès des amis de la Syrie ».

Les jihadistes de la 2e génération (post 2012) représentent 60% des sondés.  Ces derniers ont été recrutés à travers les réseaux sociaux qui leur ont permis de rentrer en contact avec des cellules de recrutement dirigées par des Marocains établis en Irak et en Syrie. Enfin, 90% des sondés affirment avoir rallié les deux pays à partir de l’aéroport Mohammed V via la Turquie.

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