Abderrazak Ajaha, un cheikh salafiste de Tétouan, appelle les musulmans vivant en Europe à l’émigration vers le « Cham », qui désigne les pays du Levant et dans ce cas particulier, la Syrie. Dans un message daté du 19 novembre et qui circule sur les réseaux sociaux, il encourage les musulmans à quitter les pays « ajam », autrement dit, « non arabes », occidentaux et étrangers à l’islam, pour se rendre vers le Moyen-Orient.
Le message se base sur un hadith et, remarque Abdallah Rami, spécialiste de la mouvance salafiste, « il n’a de prime abord rien d’original. Même des salafistes ‘quiétistes’, non politisés et non-violents appellent régulièrement les musulmans vivant en Occident à le quitter« . Sauf que ce message, certes religieux dans la forme et le fond, intervient à l’heure où les pays occidentaux s’alarment de voir de plus en plus de jeunes musulmans partir vers la Syrie pour rejoindre des groupes terroristes. Et ce n’est pas la première fois que Abderrazak Ajaha aborde la question du conflit syrien sans forcément préciser davantage sa position.
Ajaha, un cheikh salafiste qui campe sur une ligne dure
Le cheikh a passé trois ans en prison, peu de temps après les attentats du 16 mai 2003 et n’est toujours pas autorisé à prêcher dans les mosquées. S’il a récemment gagné en popularité, notamment grâce à une activité importante sur YouTube, il n’est pas aussi connu, ni au Maroc, ni à l’international que d’autres chouyoukh marocains comme Omar Haddouchi.
Selon un militant impliqué dans les comités de prisonniers, c’est un « radical, aux propos très tranchés. Il est actif dans les comités de prisonnier à Tétouan et a rencontré Fatiha Mejjati (la veuve du jihadiste marocain Karim Mejjati, et qui vit actuellement en Syrie à Raqqa, ville sous contrôle de l’État islamique, nldr) à plusieurs reprises« . Et en 2013, Abderrazak Ajaha n’a pas hésité à critiquer la position des chouyoukhs salafistes jordaniens Abou Mohammed Maqdisi et Abou Qatada, des références du mouvement salafiste dans le monde, après que ces derniers aient condamné l’État islamique, ou Daech.
Il a aussi, entre 2013 et 2014, lors de manifestations à Tétouan, ouvertement attaqué le mouvement chiite libanais Hezbollah, ainsi que le régime iranien, tous deux impliqués dans le conflit syrien auprès du régime de Bachar Al Assad. « Ajaha est subtil dans sa manière d’aborder les questions syriennes et irakiennes. Il le fait le plus souvent sous un angle religieux. Il évite le plus souvent d’aborder frontalement la question de l’état islamique. Mais si on regarde de près et qu’on lit entre les lignes, ses propos restent très durs et très radicaux » explique un chercheur marocain qui préfère rester anonyme pour continuer à mener ses recherches sur le courant salafiste.
Contacté par Telquel.ma, Abderrazak Ajaha n’a pas souhaité répondre à nos questions.
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