Le siège londonien du MI6 est signalé comme un simple « bâtiment gouvernemental » sur le plan du quartier, à côté de la station de train. Ou comme disait récemment un de ses anciens directeurs: « Les organisations secrètes ont besoin de rester secrètes. » Stratégiquement situé au cœur de Londres, sur les quais de la Tamise et à proximité du Parlement de Westminster, le bâtiment ressemble à une imposante forteresse hérissée d’antennes et de caméras de surveillance qui lui ont valu le surnom de « Legoland« .
C’est entre ces murs blindés, derrière ces vitres pare-balles, au milieu de systèmes informatiques ultra perfectionnés, qu’Alex Younger a pris début novembre ses nouvelles fonctions à la tête du Service Secret de Renseignements (SIS), alias MI6, plus connu du grand public comme étant l’employeur du plus célèbre de tous les espions: James Bond.
M. Younger connaît les lieux comme sa poche: c’est un homme du sérail. Cet ancien militaire y est entré en 1991, en a gravi les échelons petit à petit, jusqu’à devenir chef des opérations mondiales de l’agence ces deux dernières années, indique le Foreign office, ministère de tutelle du MI6. Il compte également sur son CV des postes en Europe, au Moyen-Orient, en Afghanistan, et a dirigé les opérations du MI6 visant à assurer la sécurité des jeux Olympiques de Londres en 2012. »De son travail en Afghanistan à ce qu’il a fait pour garder notre pays en sécurité pendant les jeux Olympiques, Alex apporte avec lui une expérience riche et intéressante« , a déclaré de façon sibylline le ministère des Affaires étrangères britannique, Philip Hammond.
Les dossiers épineux : Irak, Syrie…
« Dirigeant séduisant » et « populaire » dans le milieu du renseignement, « Alex est capable de rendre intelligible à tout un chacun des problèmes complexes« , renchérit un ancien officier de MI6, cité dans le Daily Telegraph, selon qui ces qualités auraient poussé le Premier ministre David Cameron à le désigner pour succéder à John Sawers. Ce dernier, ancien diplomate, est connu pour avoir tenté, ces cinq dernières années, de redorer le blason des services secrets, éclaboussés par des accusations de complicité de torture, d’écoutes téléphoniques et par l’affaire des armes de destruction massive (ADM) en Irak.
En 2002, le Premier ministre Tony Blair avait utilisé un rapport des services secrets pour justifier l’invasion de l’Irak. Ce document, qui s’est révélé infondé, affirmait que Saddam Hussein disposait d’ADM et était en mesure de les déployer en « 45 minutes ». « La réputation du MI6 a été ternie par le fiasco sur les ADM« , explique à l’AFP Stephen Dorril, un expert des services secrets de l’Université de Huddersfield.
« Toutefois, ces derniers temps, dans ce qui s’apparente à une campagne de relations publiques, on a constaté une soudaine apparition dans les médias d’anciens hauts responsables du MI6 » porteurs d’une vision « plus nuancée » sur les pratiques des services de renseignements, note-t-il. « C’est peut-être une manière de distancer le service de toute forme de politisation et pression du gouvernement, mais aussi d’améliorer son image« , ajoute-t-il. En prenant les rênes du MI6, Alex Younger récupère les dossiers brûlants de son prédécesseur – Irak, Syrie, Ukraine, etc. – au moment où le niveau d’alerte de sécurité au Royaume-Uni a été relevé à « grave » face à la menace d’attentats liée aux groupes jihadistes comme l’Etat islamique (EI).
Il hérite aussi d’un surnom: « C », référence à cette simple lettre par laquelle le premier chef des services de renseignements extérieurs, Sir Mansfield Cumming, signait ses directives.
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