Robert O’Neill, 38 ans, a affirmé jeudi 6 novembre au Washington Post qu’il avait tué, d’une balle en pleine tête, le chef d’Al-Qaïda le 2 mai 2011 lors d’un raid héliporté à Abbottabad, au Pakistan.
« Son crâne a éclaté »
L’ancien soldat d’élite a indiqué au quotidien avoir décidé de donner son nom après une fuite orchestrée par SOFREP, un site internet d’anciens Seals. Cette fuite était elle-même une réponse de protestation à la diffusion sur Fox News les 11 et 12 novembre, du documentaire intitulé « The Man who Killed Usama ben Laden » (« L’homme qui a tué Oussama ben Laden ») dans lequel il se dévoile. Les Navy Seals, ces troupes d’élite de la marine américaine, sont normalement tenues de conserver le secret le plus strict sur leurs missions.
En racontant le raid au Washington Post, ce natif du Montana (nord-ouest), décoré à de multiples reprises, a indiqué que deux autres soldats avaient tiré des coups de feu.Il se trouvait en deuxième position à la tête du commando lors de l’assaut contre la chambre de Ben Laden, a-t-il dit. Le chef d’Al-Qaïda est brièvement apparu à la porte mais le soldat en tête a apparemment manqué son tir.
« Je suis passé devant lui pour entrer dans la chambre, juste à l’embrasure de la porte », dit M. O’Neill, « Ben Laden était là debout. Il avait ses mains sur les épaules d’une femme et la poussait devant », dit-il.
L’ex-soldat a précisé qu’il pouvait clairement identifier le leader terroriste avec ses lunettes de vision nocturne, malgré l’obscurité, et a tiré. Il a ajouté qu’il était évident que Ben Laden était mort car son crâne a éclaté.
Une sortie de l’anonymat qui n’est pas du goût de sa hiérarchie
Selon le quotidien, deux membres du commando ont confirmé l’identité de l’ex-soldat. Selon le Post, O’Neill s’est longtemps demandé s’il allait révéler son nom, qui circulait déjà dans les milieux militaires et du Congrès et était connu d’au moins deux organes de presse.
Il s’est décidé à sortir de l’ombre par crainte de fuites et après avoir rencontré des victimes des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York. « Les familles m’ont dit que (la mort de Ben Laden) leur avait apporté un peu de réconfort », dit-il.
Mais sortir de l’anonymat n’est pas du goût de sa hiérarchie. Le chef des Navy Seals, le contre-amiral Brian Losey, a adressé en début de semaine un sévère avertissement à ceux qui violent la tradition du secret de cette force. « Une disposition essentielle de notre Code de conduite est « Je ne rends pas publique la nature de mon activité, et je ne cherche pas à obtenir de la reconnaissance pour mes actions » », ont déclaré dans une lettre le contre-amiral Losey et le Force Master Chief Michael Magaraci.
Au moment du raid du commando, O’Neill avait déjà 15 ans d’expérience avec les Seals, où il opérait dans la désormais célèbre unité Six. En 2009, il faisait aussi partie du commando envoyé à la rescousse d’un bateau pris par des pirates somaliens. L’histoire a fait l’objet d’un film avec Tom Hanks dans le rôle du capitaine Richard Phillips (Capitaine Phillips).
Menaces de mort et appel au meurtre
Sitôt après le « coming-out » de Robert O’Neill, des jihadistes ont lancé des menaces de mort contre lui, a révélé SITE qui surveille les sites web et médias utilisés par ces derniers. Des photos d’O’Neill accompagnées de messages en arabe et en anglais appelant des loups solitaires à venger la mort du chef d’Al-Qaïda, ont été diffusés sur Twitter et sur le forum des jihadistes al-Minbar, a indiqué SITE.
L’un d’entre eux écrit par exemple en arabe : « Nous enverrons aux loups solitaires en Amérique la photo de ce Robert O’Neill qui a tué Cheikh Ousamaben Laden ». Un autre déclare dans les deux langues : « A vous très chers musulmans aux Etats-Unis d’Amérique, voilà votre chance d’accéder au Paradis », indique SITE.
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