Il y a six mois, le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy lançait une nouvelle stratégie industrielle nommée « Plan d’émergence aux écosystèmes performants ». Le 10 octobre, il a rencontré la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) devant laquelle il a confirmé sa politique et a présenté des écosystèmes (liens entre les filières d’un même secteur) mis en place, comme celui de l’automobile par exemple.
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Pour Hakim Marrakchi, vice-président de la CGEM et directeur général de Maghreb Industries, « il va tout à fait dans la bonne voie, ce qui a été mis en place était ce qu’il était possible de mettre en place rapidement, on peut dire que c’est un plan intelligent ».
En revanche, les patrons ont fait des propositions pour parfaire encore cette stratégie, qui ne prend pas en compte leurs problèmes de rentabilités. « L’industrie reste un secteur plus risqué et peu rentable donc la prolongation des investissements n’est pas assurée. Un complément du plan devrait s’adresser spécifiquement à ce problème ». La CGEM évoque par exemple la mise en place d’une TVA sociale. Ce dispositif, déjà mis en place en France ou en Allemagne, consiste à baisser les cotisations sociales payées par les entreprises et les salariés pour financer la Sécurité sociale, et à augmenter la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dont s’acquittent les consommateurs lors d’un achat. « Les charges devraient être supportées par tous les Marocains et non pas par les seuls Marocains qui produisent, qui sont de moins en moins nombreux d’ailleurs », estime Hakim Marrakchi.
Attention aux IDE
Il pointe aussi du doigt les accords de libre échange, « il faudrait homogénéiser les écarts douaniers entre ceux qui s’approvisionnent en Europe et ceux qui s’approvisionnent en Asie ». Sans surprise, il nous parle également d’une modification de la législation du travail, « un problème plus difficile à régler ».
Aussi, la CGEM a fait remarquer au ministre la limite des IDE. « Aucun pays n’a réussi son émergence industrielle en se basant seulement sur des IDE. Normalement les industriels ont un plan d’investissement qui est limité dans le temps. Nous voyons que ceux qui sont venus ne sont pas restés au Maroc qu’ils prennent comme une plateforme de consommation », constate Hakim Marrakchi, qui donne l’exemple de Gillette ou Johnson and Jonhson. Le responsable ajoute : « Les pays qui ont réussi se sont tous basés sur un capitalisme industriel fort, c’est le cas des Malaisiens ou des Turcs par exemple. »
Dans le même sens, Abdeslam Acharki, responsable QSE de TriaGroup, un agroalimentaire, déplore que les industriels marocains soient moins choyés que les investisseurs étrangers : « un nouvel industriel étranger qui vient s’installer au Maroc va bénéficier d’exonération et d’accompagnement ». Il pointe notamment la lenteur des procédures imposées aux nationaux : « Un Marocain de retour du Canada m’a raconté qu’il avait mis 6 mois à monter son industrie ici contre seulement deux mois là-bas.»
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