« La Fédération ? Ce sont de vieux croûtons qui n’ont pas bougé depuis 40 ans ! », s’exclame Mehdi Rouizem, nouveau directeur du Yacht Club du Maroc (YCM), à Mohammedia. A l’entendre, il n’y a pas de réelle activité voile dans le pays. Trop peu de participants, pas de formation valable, donc pas de moniteurs, et surtout pas de voile loisir. D’après lui, l’expansion de ce sport est entravée par un trop-plein de compétitions, nationales ou internationales, qui se succèdent toute l’année et mobilisent les équipes nationales, attirant sur elles toute l’attention. « Alors qu’il faudrait initier le plus de monde possible, pour ensuite orienter les meilleurs vers la compétition », explique le directeur, qui se bat pour la création d’une licence « loisir ». Au Maroc, les clubs sont au nombre de 54 selon la Fédération, et ont l’obligation d’y être affiliés.
Tous sur l’eau
Le samedi matin, au Yacht Club de Mohammedia, les enfants préparent leurs bateaux avant l’arrivée du moniteur. Comme 320 de leurs camarades, ils ont participé au projet « Voile scolaire pour tous » initiée cette année par le club. Soutenue par l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), l’opération vise à former 1300 écoliers sur trois ans à la pratique de la voile, à raison d’un cours par semaine. « Plusieurs enfants viennent des villages aux alentours de Mohammedia, c’est important pour nous de leur faire connaître l’océan », explique Ali Aachi, 24 ans, le moniteur du club. Ce dernier a dû s’accrocher pour en arriver là. Il a commencé à l’âge de sept ans par l’Optimist, puis s’est mis à la planche à voile, tout en suivant les stages de formation proposés par la Fédération. Il est moniteur à l’YCM depuis 2011. « On manque de moniteurs, et il n’y a aucun cursus pour devenir professionnel de la voile », souligne Mehdi Rouizem. Mohamed Ouadaâdaâ, ancien directeur de la base nautique, assure que la seule formation qu’il connaisse est celle qu’il a suivie, à savoir la spécialité proposée par l’Institut royal de formation des cadres de la jeunesse et des sports, à Salé. D’après lui, seuls cinq lauréats en sont sortis.
Le niveau doit monter
Ensuite, difficile de se perfectionner. Ali Aachi continue d’apprendre sur Internet, ou avec de plus expérimentés que lui qui se sont formés à l’étranger. Malgré quelques prix gagnés lors de championnats marocains, il voudrait participer à des régates internationales. Comme l’ancien directeur de la base nautique, il soutient que la belle époque de la voile nationale est révolue. Même la Fédération le concède : « Dans les années 1970-1980, la voile se portait bien, puis son état a chuté », retrace Mohamed Zanzoul, directeur technique national à la FRMV. A la Fédération, les demandes de subventions auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports sont constantes de la part du président. 80 Optimists ont été acquis en 2013 et redistribués dans les clubs. Mehdi Rouizem et Mohamed Zanzoul s’accordent au moins sur une chose : « Les Marocains ne semblent pas tournés vers la mer ». Pour ressusciter leur intérêt, la FRMV organise des événements à tour de bras : Semaine nautique internationale de M’diq, Festival nautique international de Rabat…. Mais ce n’est pas suffisant, selon Mohamed Ouadaâdaâ : « C’est seulement de l’événementiel, il n’y a pas de préparation, pas d’objectif et donc pas de retombées ».
Elina Baseilhac
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