Ramadan en Belgique: à chacun son jeûne

Plusieurs communautés musulmanes cohabitent en Belgique, chacune avec ses traditions. Plongée dans les pratiques ramadanesques au plat pays.

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Des musulmans faisant leurs courses dans la rue de Brabant à Bruxelles. Crédit photo : DR

Pendant la période du ramadan, Bruxelles s’anime d’une manière particulière. Le quartier à majorité musulmane ont un parfum de Maroc ou d’Algérie, avec chebakias et baklavas en vente à tous les coins de rue. Des jeunes se regroupent dans la rue avant le ftour – vers 21h cette année. On se croirait à Casablanca.

Dans les cafés de la place Stalingrad, du quartier Molenbeek ou encore de la rue de Brabant (sorte de Derb Omar local), les préparatifs pour accueillir les jeûneurs vont bon train. Au menu, du lait, des dattes, du pain, des œufs ainsi que la harira. La soupe traditionnelle marocaine trône en bonne place, et pour cause : le plat pays accueille une forte communauté marocaine, essentiellement rifaine. Le ramadan en Belgique, c’est le mois de la solidarité par excellence et ce depuis de nombreuses années. Le menu servi aux jeûneurs est gratuit. Seuls les suppléments (msemmen, mille trous [le nom donné au baghrir…]) sont payants.

Al Oula, Medi1 et 2M (momentanément) chaînes belges

Les musulmans, pour la plupart maghrébins, mais aussi les non-musulmans de passage juste pour prendre un café sont généreusement accueillis pour s’attabler. Ils sont pour la plupart étudiants, célibataires ou immigrés en situation illégale. Loin de leurs familles, ils viennent profiter de ce moment convivial. En même temps qu’ils dé-jeûnent, ils regardent les programmes typiques de ce mois sacré. Les chaînes locales laissent la place aux séries des chaînes marocaines, nos concitoyens y étant majoritaires.

Pour les communautés du Moyen-Orient, l’ambiance du ramadan se vit plutôt en famille et dans les maisons. Pour les Turcs, le ramadan est l’occasion de goûter le pidé – un pain doré au jaune d’œuf -, des grillades servies avec du riz ou de blé concassé en pilaf (boulghour). Quant aux Irakiens, ils ont plutôt un faible pour la dolma, un plat composé de courgettes farcies de viande hachée et de riz et de Kouzi Lahm, un agnelet farci de riz, de viande hachée et de foie. Les familles pakistanaises préfèrent le curry de légumes végétalien, auquel est rajouté un mélange de garam masala (un mélange d’épices, un « ras el hanout » d’origine indienne) , de curcuma et de paprika. On consomme aussi du poulet briyani, un plat de riz conçu spécialement pour le mois de ramadan.

A chacun sa mosquée

Après avoir profité de leur ftour, les musulmans de Belgique se dirigent vers les mosquées afin d’accomplir la prière d’Isha et les tarawihs (les veillées). Pour respecter les particularités des différentes communautés, les lieux de prière sont distincts. Les Turcs préfèrent aller dans leurs propres mosquées. Pour les chiites, qui ont des pratiques de prière différentes, des mosquées spécifiques permettent également à la communauté de se retrouver. Enfin, les Maghrébins ainsi que les autres nations majoritairement sunnites se retrouvent généralement dans leurs propres lieux de culte.

Quand les occidentaux non-musulmans vont se coucher, les jeûneurs remplissent les bistrots de la ville. Une occasion de savourer des boissons halal entre amis et, pour certains, de jouer aux cartes. Des bars à chichas sont également investis par ces « veilleurs ». Quelques musulmans se rendent à des cafés turcs pour jouer des parties de fléchettes ou au bingo.

A l’approche du shour, les musulmans quittent les cafés pour grignoter pour pouvoir tenir une nouvelle (et longue) journée de jeûne.

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