Saïd Chbaatou: «Nous avons besoin d’un découpage graduel»

Nous avons posé trois questions à Saïd Chbaatou, président du conseil régional de Meknes-Tafilalet.

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Photo : Rachid Tniouni

Que pensez-vous de l’avant-projet de loi relatif à la régionalisation ?

Le projet n’est pas tout à fait conforme à la Constitution. Rien n’y est précis, notamment le fait que la tutelle soit remplacée par un contrôle plus serré sur le choix d’opportunités, avec le dernier mot qui revient au wali qui n’a pas, politiquement, de comptes à rendre. Mais il y a aussi le fait d’associer la société civile aux réunions du conseil régional. Normalement, seules les associations régionales devraient l’être. Ce sont elles qui connaissent et maîtrisent les contraintes de développement. Si on vient à impliquer toutes les associations nationales, ce sera alors le chaos.

Les compétences du président du conseil régional sont présentées comme étant élargies. Etes-vous du même avis ?

Non, pas vraiment. Le fait que le président du conseil régional soit l’ordonnateur n’est pas très important, dans la mesure où les élus n’ont pas de réelles prérogatives. Comment pouvons-nous demander à des régions d’établir des programmes de développement, alors que l’essentiel du pouvoir reste concentré au niveau central ? Cela ne sert à rien. Il faut d’abord qu’il y ait une volonté claire d’attribuer aux régions un réel pouvoir et qu’elles l’exercent en connaissance de cause.

Qu’en est-il du découpage régional ?

Comme prévu dans le texte, c’est un décret qui viendra fixer ce découpage. En attendant, il faut garder à l’esprit qu’un découpage régional ne doit pas créer de problèmes aux populations. Prenez l’exemple d’un citoyen de la province de Midelt, qui est à 120 km d’Errachidia. Si cette localité dépendait de Beni Mellal, qui est à 350 km, vous pouvez imaginer le nombre de problèmes que ce citoyen pourra rencontrer, notamment par rapport à tout ce qui a trait à l’administration et à la santé. Pour éviter ces difficultés, il faudrait adopter un découpage graduel, en commençant par le découpage communal, puis provincial, pour ensuite passer au découpage régional. Il est évident que cette opération nécessitera la création de communes, mais aussi de provinces, en fonction des besoins.

 

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