A deux ans, Riad est l’« homme parfait », mignon blondinet fils de Clémentine, étudiante bretonne, et de Abdel-Razak, étudiant syrien. C’est aussi « l’Arabe du futur » en qui son père projette toutes ses espérances. Né à Paris l’année où Abdel-Razak soutient sa thèse, il grandit en Libye puis en Syrie. Dans cette autobiographie en BD, Riad Sattouf raconte ses perceptions de petit enfant, son étonnement devant tout : les maisons sans clefs à Tripoli ; la queue dans les coopératives, un jour réservée aux hommes, l’autre aux femmes ; les fils de généraux syriens conduisant comme des fous de grosses voitures… Ce regard qui se veut candide n’échappe pas à certains clichés : l’inévitable découverte de l’appel à la prière, l’apprentissage accéléré d’insultes diverses et variées… Les vacances en Bretagne ne donnent pas lieu à la même tentation de l’exotisme.

Ces jolies planches au trait net dressent un portrait touchant du père, personnage sympathique qui dessine des Mercedes avec des roues rectangulaires. Issu d’un milieu très modeste dans un village près de Homs, Abdel-Razak est « obsédé depuis toujours par l’idée de devenir «Docteur» ». « Mon père était pour le panarabisme. Il était obsédé par l’éducation des Arabes. Il pensait que l’homme arabe devait s’éduquer pour sortir de l’obscurantisme religieux. » Enfant à l’époque de Kadhafi, de Hafez Al Assad et de Pompidou, Riad développe un talent précoce pour le dessin – il est aujourd’hui dessinateur à Charlie Hebdo, où il tient depuis 2004 une chronique sur La vie secrète des jeunes (publié en 2007). Ce premier volume se termine sur la fin de la toute petite enfance et on attend ses aventures scolaires. Parce que « l’Arabe du futur, il va à l’école ».