Crédit, dette, chômage… Abdellatif Jouahri, le wali de la banque centrale, a présenté au roi son rapport annuel 2013, le 28 juin. D’après les résultats, le repli des activités industrielles est à l’origine d’une hausse du chômage. Il est monté à 9,2 % l’année dernière, atteignant les 14 % en milieu urbain et 36 % chez les jeunes citadins. Abdellatif Jouahri a rappelé qu’il s’agissait d’une tendance mondiale : « Le chômage des jeunes demeure un phénomène préoccupant dans la plupart des pays avancés et l’une des principales séquelles de la crise internationale. » Le chômage frappe plus les hommes que les femmes. En milieu urbain, il atteint 20 % chez les femmes, contre 12,3 % chez les hommes.
La décélération concerne principalement l’industrie manufacturière, le BTP (50 000 emplois en moins) et l’activité minière. Grâce aux conditions climatiques favorables de 2013, la valeur ajoutée des activités agricoles a par contre augmenté de 19 % par rapport à l’année précédente. Si le PIB continue d’augmenter, sa progression ralentit. Il n’a augmenté que de 4,7 % en 2013 contre 5 % en 2012 et 6,3 % en 2011.
Un déficit budgétaire qui diminue
Le déficit budgétaire s’est allégé de deux points en 2013. Cette baisse s’expliquerait par une rationalisation des dépenses de l’Etat en matière d’investissement et par l’encaissement de dons en provenance des pays du Conseil de coopération du Golfe.
Pour la banque centrale, la masse salariale du secteur public reste l’une des principales sources de ce déficit : elle représente 11,3% du PIB. En effet, le nombre de fonctionnaires a augmenté de plus de 9% entre 2006 et 2013. Sur la même période, les dépenses du personnel se sont accrues de plus de 50 %.
Bank al-Maghrib note également un ralentissement du crédit bancaire, à l’exception des prêts à l’équipement. Le rapport revient sur la question de l’exclusion bancaire. La banque centrale travaille sur le sujet en collaboration avec les banques et la Banque mondiale. La Fondation marocaine pour l’éducation financière, créée en 2012, est devenue opérationnelle et a déjà lancé plusieurs projets.
Que prévoir pour 2014 ?
Pour confirmer son positionnement sur la scène internationale, le Maroc doit se « renforcer au plan interne », estime A. Jouahri. Il déplore la médiocrité du « climat des affaires » qui pâtit du faible niveau de développement de la recherche scientifique, de l’innovation et technologique et de la qualité du système de formation.
Le patron de la banque centrale évoque une série de réformes structurelles à adopter dans les domaines de l’éducation et de la justice notamment. Le rapport insiste par exemple sur l’urgence d’une réforme des retraites et l’intérêt de suivre les objectifs de redistribution pour améliorer le niveau de vie de la population et faire émerger une classe moyenne.
Ce rapport fait écho aux prévisions 2014 – 2015 du Haut commissariat au plan rendues publiques le 25 juin dernier. Cette année, à l’inverse de 2013, le secteur agricole pâtit des mauvaises conditions météorologiques. Par contre, la valeur ajoutée du secteur secondaire devrait s’accroître de 2,3 %, contrastant avec les seuls 0,3% de l’an dernier. En effet, si Bank al-Maghrib s’inquiète du secteur manufacturier et du BTP du fait des résultats 2013, le HCP annonce déjà une reprise de ces secteurs sur l’année 2014. La tendance de diminution du déficit budgétaire devrait être confirmée : 5,2 % du PIB cette année et 4,7 % en 2015.
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