Amine Mounir : « Nous allons déposer une plainte contre l’UE »

Trois questions à Amine Mounir, vice-président et porte-parole de la Fédération interprofessionnelle des fruits et légumes (FIFEL).

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Pouvez-vous nous expliquer la nouvelle décision de l’UE relative aux exportations des fruits et légumes ?

Ils veulent instaurer un système de calcul de la moyenne pondérée du prix de toutes les variétés, afin d’établir la VFI (la valeur forfaitaire à l’importation). Cette mesure ne concerne que les exportations marocaines effectuées dans un cadre contingenté, à l’image de la tomate. Ainsi, ce calcul risque de réduire le tonnage que le Maroc exporte en Europe. Leur but est de réguler et répartir un pan de nos exportations sur toute l’année, chose qui leur permettra de commercialiser leur récolte. Conséquences, les centrales d’achat, à l’image des grandes surfaces, ne voudront plus acheter de chez nous, parce qu’on ne pourra pas être présents sur le marché européen tout au long de l’année. Par conséquent, le Maroc risque de perdre quelque 130 000 tonnes de son potentiel exportable.

Quelles solutions proposez-vous alors ? 

Nous leur demandons de ne pas toucher à nos acquis. L’UE compte intégrer l’acte délégué à partir du mois d’octobre, autrement dit au début de la campagne d’export. De notre côté, on pense qu’il n’y a que la méthode déductive (appliquée jusqu’à présent) qui peut nous permettre de rester à notre niveau d’exportation actuel. Sinon, les conséquences peuvent être désastreuses sur les investissements réalisés et sur des milliers d’emplois. Elles peuvent aussi aboutir à la dégradation d’un secteur qui participe à absorber une partie du déficit de la balance commerciale entre le royaume et l’UE.

Maintenez-vous votre décision de poursuivre en justice l’UE ?

Absolument. C’est le seul et dernier recours qu’on a pour le moment. Face à tout ce qu’on a déjà perdu, il ne nous reste plus rien à perdre. Lors de notre dernier conseil, on a eu l’accord à l’unanimité de tous les intervenants du secteur afin de poursuivre la bataille et de défendre les intérêts de l’agriculture marocaine. Le dossier est déjà préparé, et on compte déposer une plainte à la Cour européenne de justice avant le 15 juillet. À travers cela, nous autres professionnels du secteur demandons l’annulation de l’acte délégué et sa suspension.  E.M.B.

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