« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », la citation de Mark Twain pourrait illustrer les parcours de Hicham Oudghiri, Nezare Chafni, Mohamed Benboubker, Rachid Guerraoui, Tarik Fadli ou encore Hamza Aboulfateh, des Marocains dopés à l’innovation et animés par une foi inébranlable, qui réussissent à concrétiser leurs rêves ou sont sur le point de le faire. N’hésitant pas à traverser les océans et parfois même à s’endetter, ils travaillent sans relâche et prennent des risques audacieux. La tête dans les matrices mais les pieds sur terre, ces techno-geeks, chercheurs, entrepreneurs et développeurs naviguent avec aisance dans le monde des nouvelles technologies. Échanger avec chacun d’entre eux, pour réaliser ce dossier, a été un réel plaisir tant ces hommes sont passionnés. Nous tenons ici à les remercier d’avoir accepté de lever les yeux de leur écran d’ordinateur le temps de nous confier leurs rêves, leurs réalisations et leurs prochains défis.
Retrouvez l’ensemble du dossier dans High-Tech by TelQuel distribué gratuitement avec TelQuel N° 626.
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Nezare Chafni, le visionnaire
Techno-geek marocain de 26 ans, Nezare est l’un des heureux parents d’un interphone intelligent né au Maroc et qui ne devrait pas tarder à envahir le monde.
Été 2013, Taghazout, Maroc. Nezare Chafni et son camarade américain Shaun Moore, deux jeunes d’une vingtaine d’années, sont affalés, depuis quelques mois déjà, sur le canapé d’une auberge. Mais ils ne sont pas là pour profiter de la station balnéaire. Cheveux en bataille et tongs aux pieds, les deux compères ne quittent pas leur ordinateur. Ils ambitionnent de donner naissance à un interphone intelligent.
Janvier 2014, le décor a bien changé. Nos deux inventeurs surfeurs occupent désormais la scène principale de l’International Consumer Electronics Show à Las Vegas. Devant un parterre de journalistes et de décideurs, ils présentent « Chui », une innovation high-tech qui pourrait révolutionner notre premier contact avec notre domicile.
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Hicham Oudghiri, le roi du Big data
Avec Enigma, une start-up qui connaît un succès phénoménal, Hicham Oudghiri, son fondateur, ambitionne de révolutionner le monde du Big Data.
Pour comprendre l’enjeu du Big Data, il suffit de savoir qu’Enigma, fondée en 2010 par Hicham Oudghiri et Marc Da Costa, un camarade de promotion de l’université de Columbia, a levé plus de 5,4 millions de dollars. Parmi les donateurs, le New York Times, American Express et deux importants fonds d’investissement de la Silicon Valley. Leurs travaux sont suivis de près : Barack Obama les retweetera sur l’Open Data en octobre 2013 alors qu’il est en pleine crise de vote du budget. Pas un jour ne passe sans qu’ils ne reçoivent des demandes de clients souhaitant utiliser leurs solutions. « Avec notre plateforme informatique Enigma, nous collectons, structurons et rendons accessibles à nos clients des milliards de données publiques. Nous leur offrons de nouveaux angles d’observation et d’analyse des thématiques pour lesquelles ils nous mandatent », tente d’expliquer Hicham.
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Mohamed Benbouker, l’homme pressé
Pour Mohamed Benboubker, cofondateur de Mobiblanc, entreprise spécialisée dans le développement et l’édition d’applications mobiles, tout se déroule à vive allure.
Alors qu’il était bien installé dans un poste confortable, ce jeune pour qui « la gagne » est la seule option décide d’entreprendre dans son domaine de prédilection, l’informatique. En 2010, avec un camarade de promotion, Youssef El Alaoui, ils créent Mobiblanc « C’était une opportunité incroyable pour nous parce que le monde de l’informatique renaissait avec l’essor du mobile. » Les deux associés décident de s’engager sans se laisser la possibilité de reculer : ils mettent sur la table 1 million de dirhams de capital. Quatre ans plus tard, Mobiblanc est une entreprise prospère. Aujourd’hui, Mohamed Benboubker rêve plus grand : « Je veux faire de Mobiblanc une multinationale marocaine. Aujourd’hui, il faut être mondial. Je veux réaliser quelque chose de ‘‘wow’’. »
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Tarik Fadli, le militant
Si, un jour, nos documents sont légalisés ou certifiés conformes via à une machine, ce sera certainement grâce à Tarik Fadli, entrepreneur ambitieux, qui pourrait bien nous délivrer des griffes de l’administration.
Après avoir inscrit son nom sur la liste de ceux qui ont atteint le rêve américain, Tarik Fadli, est de retour au Maroc où il imagine son système de dématérialisation et d’automate self-service pour la paperasse administrative. L’idée a germé « dans une administration où j’ai croisé une vieille dame analphabète et démunie qui attendait depuis 8h30… Il était midi ! C’était inacceptable. » Il planche alors sur la solution, met au point l’appareil et le fait breveter. Aujourd’hui, les premières machines sont en cours de fabrication en Turquie. Tarik rêve pourtant de créer une usine au Maroc : « Je peux produire 20 unités par jour, créer 500 emplois directs et beaucoup plus d’emplois indirects, équiper tout le pays… Le besoin est énorme ! », assure-t-il.
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Hamza Aboulfateh, le fonceur
Il est le très jeune patron de Genious Communication, une entreprise de 25 salariés, qui réalise un chiffre d’affaires de 7 millions de dirhams dans l’hébergement de sites web. Une start-up qu’il a lancée alors qu’il n’avait que 22 ans.
Hamza Aboulfateh est un entrepreneur précoce : « J’ai commencé à vendre mes services en informatique à l’âge de 17 ans. J’ai même échoué au baccalauréat une première fois parce que j’étais surchargé de travail en freelance. Mais je voulais quand même aller à l’étranger, au moins pour avoir un compte bancaire et pouvoir offrir mes services d’hébergement au Maroc. » Pragmatique, le jeune homme. Le baccalauréat en poche, il se rend à Lille puis à Paris, continue de gérer ses affaires à distance tout en entamant des études en informatique. Mais dès 2007, un gros client français le sollicite. Il s’agit du site de rencontres Adopteunmec.com. Pour Hamza, le choix est clair : business first. En 2008 et à seulement 22 ans, il structure ses activités au Maroc en créant juridiquement Genious Communication.
- Rachid Guerraoui, l’Ovni
Ce professeur chercheur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est un véritable extraterrestre qui gravite très haut dans l’univers de l’informatique, et plus précisément de l’algorithmique répartie.
C’est en Suisse que ce quadragénaire s’est installé en 2007 pour réaliser ce qui le passionne le plus : la recherche et l’enseignement. Et c’est à ce ponte de l’informatique que les Helvètes ont confié la direction de l’Institut d’Informatique fondamentale de l’EPFL. Si la Suisse est son pays d’adoption, il a d’abord fait escale à la Silicon Valley puis au fameux Massachusetts Institute of Technology de Boston. HP, Microsoft, Google ou encore le Commissariat européen de l’Energie atomique le mandatent régulièrement pour faire de la recherche. Google lui attribuera d’ailleurs l’année dernière le Google Focused Award pour le projet Web Alter-ego sur la mise en place d’une architecture spécifique pour la personnalisation de services Web.
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