Egypte : le journaliste d'Al Jazeera en grève de la faim libéré

Le journaliste égyptien d'Al Jazeera Abdallah El Shamy emprisonné depuis 10 mois vient d'être libéré pour raisons de santé.

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Le jeune homme a perdu 40 kilos. Capture d'écran d'une vidéo d'Al Jazeera

Abdallah El Shamy ne mangeait plus depuis 130 jours. Ce journaliste égyptien de la chaîne qatarie Al Jazeera observait une grève de la faim pour protester contre sa détention. Il a été libéré dans la nuit du 17 au 18 juin, avec 12 autres confrères.

Le jeune homme de 26 ans avait été arrêté le 14 août 2013 par les autorités égyptiennes alors qu’il couvrait la dispersion violente des partisans de Mohammed Morsi lors d’un rassemblement place Rabaa al-Adawiya, qui avait fait 377 morts d’après l’ONG Human Rights Watch.

Avec ses confrères, ils sont accusés d’incitation à la violence et d’altération de l’ordre public. Aucun jugement n’a encore eu lieu. Ils se trouvaient jusqu’à présent en détention préventive. D’après une source judiciaire proche de l’enquête citée par le Huffington Post Maghreb, leur libération « ne signifie pas leur acquittement ».

40 kilos de perdus

Les autorités pénitentiaires avaient mis le jeune homme en cellule d’isolement pour le forcer à abandonner sa grève de la faim, en vain. Il n’avalait que de l’eau et du jus de fruit. En mai dernier, sa famille avait déclaré à l’AFP qu’il avait perdu 40 kilos.

Son frère, le photojournaliste Mosa’ab El Shamy, a déclaré sur son compte Twitter : « Abdallah Elshamy l’a emporté sur l’isolement et l’injustice comme personne avec une volonté incroyable et un estomac vide. Je suis fier de lui. »

Avant de poster une photo de leurs retrouvailles :

D’autres journalistes toujours incarcérés

La décision de le libérer montre « le manque de charges contre lui », a déclaré Al Jazeera qui a appelé l’Égypte à « libérer l’ensemble des journalistes de la chaîne encore détenus ». Trois autres journalistes de la chaîne sont encore détenus en Égypte : Peter Greste, Mohammed Fahmy et Baher Mohammed. Avec 17 autres journalistes (égyptiens et étrangers), ils sont accusés d’appartenir ou de collaborer avec les Frères musulmans. Leur jugement est prévu pour le 23 juin prochain : le procureur a requis des peines de 15 à 20 ans contre eux.

Dès sa libération, Abdallah El Shamy y a fait référence : « Il est important de noter que ce n’est que le début. Il reste encore d’autres journalistes en prison ». Une scène à voir dans ce reportage d’Al Jazeera English (en langue anglaise donc) :

Les relations sont plus que tendues entre le Qatar et l’Égypte. Doha, qui aide financièrement les Frères musulmans, est accusée par Le Caire de soutenir les islamistes via sa chaîne Al Jazeera. De son côté, l’État qatari reproche à l’Égypte la répression à l’encontre des pro-Morsi. A la suite des événements du 14 août 2013, il avait condamné « l’usage excessif de la force ». Dans un communiqué du 3 janvier 2014, le ministère des Affaires étrangères du Qatar exprimait « la préoccupation de Doha face au nombre croissant de manifestants tués en Égypte » et critiquait la décision du gouvernement égyptien de décréter les Frères musulmans « organisation terroriste ».

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