Après un profond coma de cinq ans, le marché boursier affiche des signes de convalescence, au point que certains acteurs anticipent déjà la reprise. La finalisation du deal de Maroc Telecom, le lancement de l’OPV de Lesieur ou encore les annonces en série sur d’éventuelles IPO (Marsa Maroc, Total, Espace Saada ou encore Intelcia) ne font que renforcer les pronostics d’une relance tant attendue. Encore faut-il que l’impact de telles opérations sur le marché soit réel. Pour certains brokers de la place, il est encore trop tôt pour annoncer la reprise. « Lesieur reste une petite valorisation, on ne s’attend pas à ce que cette OPV impacte de manière significative l’évolution de la place ou qu’elle sorte le marché de sa dérive, avance un analyste. Cela dit, l’augmentation du flottant du titre Lesieur aura un effet immédiat sur la liquidité de la valeur mais sans plus ». Clôturée le 30 mai, l’OPV lancée par SNI sur les 22,6% du capital de Lesieur aurait été sursouscrite plus de 9 fois. Le flottant de la valeur en Bourse sera en effet parmi les plus élevés de la place en augmentant de 11,54 à 34,31%, mais ce n’est pas suffisant pour sauver le marché de sa léthargie chronique, même si ce dernier a connu une légère amélioration au cours des trois premiers mois de l’année. En effet, l’indice général du marché a progressé de 4,44%, au même titre que la capitalisation boursière, qui affiche un élargissement de 18 milliards de dirhams à près de 469,2 milliards. « L’examen profond de l’évolution du marché au cours de cette période porte toutefois à croire que le sentiment général reste toujours versatile. L’attitude vacillante de l’indice général du marché en est la preuve manifeste », relèvent les analystes de la société de gestion Marogest.
L’impact se fera attendre
Même si la cession des 53% des parts de Vivendi dans Maroc Telecom à Etisalat est finalisée, il reste encore certains détails à préciser pour que les investisseurs aient un tableau complet de la valeur IAM et puissent adopter une position tranchée sur le marché. C’est ce que confirme d’ailleurs un gestionnaire d’actifs qui souligne que « les investisseurs s’attendent à ce qu’il y ait une annonce conjointe d’Etisalat et Maroc Telecom sur les modalités pratiques de la gestion des actifs appartenant à la compagnie émiratie par l’opérateur historique ». Pour rappel, IAM a signé en mai dernier un accord avec Etisalat en vue d’acquérir ses six filiales présentes au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Niger, en République centrafricaine et au Togo pour 650 millions de dollars, et ce avant même la concrétisation de l’opération de prise de contrôle. En gros, les investisseurs veulent savoir si le prix de cession est intéressant afin qu’ils puissent estimer de façon précise l’impact sur la valeur Maroc Telecom, qui souffre d’une saturation sur le marché local. Cela étant, l’impact réel du deal IAM sur le marché boursier devrait se faire attendre, en raison de l’historique des opérations stratégiques qui traînent.
Toujours est-il que « le marché boursier sera marqué, cette année, par des évènements positifs tel que l’IPO de Marsa Maroc, prévue avant fin 2014, et qui n’aura d’effet sur la place qu’ultérieurement », note un analyste, qui poursuit : « Rien ne changera dans l’immédiat en ce qui concerne les échanges du marché. L’introduction d’une valeur a souvent pour conséquence la volatilité des titres, ce qui dynamise le marché, mais seulement le temps que l’action se stabilise et trouve un point d’équilibre ».
Fausse lecture
La fusion Lafarge-Holcim, prévue en 2015, fait également partie de ces annonces dont le retentissement sur la Bourse de Casablanca ne se fera sentir qu’après la finalisation de l’opération. Pour certains brokers, seuls les résultats semestriels pourront donner un nouveau souffle au marché ou du moins l’influencer de manière à ce qu’il s’inscrive dans une nouvelle trajectoire pour le reste de l’année, mais cela aussi reste conditionné par les prévisions des analystes. « Historiquement, lorsque les résultats financiers semestriels des sociétés cotées ressortent en décalage par rapport aux prévisions du marché, cela conduit inéluctablement à sa dynamisation », relève un professionnel. Idem pour les habituelles opérations d’aller-retour qui boostent les volumes à la fin de chaque semestre, mais seulement quand la tendance adoptée par le marché est baissière. Car, souvent, les allers-retours sur le marché provoquent une hausse des titres concernés. « Vu que la Bourse s’est inscrite depuis le début de l’année dans une trajectoire ascendante, impulsée par les anticipations de redressement de l’environnement des affaires, et d’affluence des capitaux étrangers injectés suite au reclassement du Maroc dans le MSCI Frontière Markets, l’impact des opérations d’allers-retours aura un effet quasi neutre », soulève notre analyste. Les volumes qui affichent depuis un certain temps une amélioration relativement notable ne sont que la conséquence directe d’un léger mieux comptable. Il ne s’agit donc pas d’échanges réels ou d’opérations d’achat et de vente, mais seulement de l’impact des opérations de reclassement qui induisent une embellie en termes de volumes et dont la première lecture biaise souvent l’analyse du marché.
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