L’événement était prévisible. Trois ans après le début de la révolte en Syrie, Bachar Al-Assad a largement remporté le scrutin présidentiel qu’il a organisé le 3 juin. L’homme est à la tête de l’État depuis 2000. Les résultats officiels lui donnent 88,7 % des suffrages contre seulement 4,3 % à Hassan Al-Nouri et 3,2 % à Taher Al-Hajjar, deux candidats au strict rôle de faire-valoir.
D’après une source proche de la présidence citée par l’AFP, le gouvernement actuel devrait démissionner. Bachar Al-Assad devrait prêter serment le 17 juillet 2014. Il présenterait à cette occasion son programme devant le Parlement.
« Dieu, la Syrie, Assad »
Le scrutin « sur mesure » s’est seulement déroulé dans les régions contrôlées par le régime, soit 40 % du territoire où vit 60 % de la population. Mais d’après le président du Parlement, 11,6 millions de personnes ont participé au scrutin, sur les 15,8 millions appelées à voter.
A l’annonce des résultats, la foule était en liesse dans les rues de la capitale. Les voitures klaxonnaient et les passagers scandaient « Dieu, la Syrie, Assad, c’est tout ». Des tirs de joie ont fait trois morts à Damas et une vingtaine de blessés à Alep, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
Du côté des anti-régime, le pessimisme prévaut, comme pour Thaer, interrogé par l’AFP :
« Tout le monde savait que ce vote maintiendrait Al-Assad au pouvoir. Cela signifie malheureusement que les combats vont se poursuivre, le sang va couler et les réfugiés vont croupir dans des camps. La vérité c’est que tout le monde veut une solution politique, mais cela ne peut se faire avec Al-Assad au pouvoir et les Syriens vont donc continuer à s’entre-tuer. »
Les puissances occidentales ont elles aussi dénoncé la tenue de ce scrutin. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a jugé dans un communiqué que la réélection de Bachar Al-Assad ne lui conférait pas de légitimité, qualifiant le scrutin d’« insulte aux Syriens en quête de liberté et de véritable changement politique ». Pour John Kerry, secrétaire d’État américain, ces élections présidentielles « n’ont aucun sens, parce que vous ne pouvez pas avoir d’élections alors que des millions ne peuvent même pas voter, n’ont pas la capacité de contester ces élections, n’ont pas de choix ».
Depuis le début de la révolte syrienne il y a trois ans, le conflit opposant le régime aux manifestants et rebelles a fait 160 000 morts.
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