25 femmes ont été interpellées durant le weekend du 23 au 25 mai par une brigade des mœurs créée par les services de police de Marrakech. Une mesure, qui a suscité de vives réactions chez les acteurs de la société civile.
Les responsables sécuritaires de la ville ocre ont mis en place une brigade des mœurs chargée de traquer les femmes court-vêtues. Une mesure choquante pour de nombreux acteurs de la société civile. « Consacrer une police pour les femmes sur les lieux publics est honteux. C’est du fascisme », s’insurge Ahmed Assid. Celui-ci compare cette disposition à celle prise par « des états religieux comme l’Iran et l’Arabie Saoudite». C’est le quotidien arabophone Assabah qui a révélé l’existence de cette brigade des mœurs dans son édition du 26 mai. Le quotidien indique que « la préfecture de police de Marrakech a déployé une nouvelle brigade des mœurs composée exclusivement d’éléments féminins en civil. Cette brigade est destinée à mener la chasse aux prostituées qui fréquentent plusieurs quartiers du centre-ville ». En 48 heures, elle a procédé à 25 arrestations.
La création de cette brigade des mœurs ne suscite pas la même indignation chez le député du Parti de la Justice et du développement, Abdelaziz Aftati, qui estime néanmoins que celle-ci doit « s’attaquer aux mafias impliquées dans les réseaux de prostitution au lieu de s’attaquer au simple citoyen ». Le député du parti de la lampe regrette toutefois que la police de Marrakech ait tenté « de résoudre ces problèmes liés aux mœurs à travers l’oppression ».
Omar Arbib, responsable de la section de Marrakech de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a pu, quant à lui, observer les interpellations effectuées par cette nouvelle brigade des mœurs: « Ces femmes ont placées 48 heures en garde à vue sous prétexte qu’elles nuisent à l’ordre public à travers leurs tenues vestimentaires. D’autres n’ont pas été accusées de « débauche » mais « d’ivresse publique » alors qu’elles n’avaient pas bu d’alcool », nous explique-t-il. Le militant associatif indique qu’aucune arrestation n’a eu lieu durant la semaine mais prévient que celles-ci « devraient reprendre le weekend ».
Déclarations contradictoires
Pour rappel, la création de la brigade des mœurs de Marrakech a été entérinée par la préfecture de police locale. Dans un communiqué, publié le 30 mai, et adressé à nos confrères de Medias24, les responsables sécuritaires de la ville ocre ont indiqué qu’ « : «il s’agit d’une brigade de police, chapeautée par un gradé ayant la qualité d’officier de police judiciaire ». Le but de ce service est de « s’assurer des éléments juridiques constituant l’infraction notamment l’incitation à la débauche et l’homosexualité commis sur la voie publique» précise le communiqué.
A noter que le wali de Marrakech a précédemment nié l’existence de la brigade controversée. « C’est une fausse information, de la pure spéculation, il n’y a aucune brigade des mœurs à Marrakech » a déclaré le représentant local du pouvoir central lors d’un entretien accordé à nos confrères de Medias24, diffusé le 27 mai. Il a ajouté qu’un démenti serait publié par la préfecture. Ce document n’a toujours pas été publié.
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