La balance commerciale du royaume avec ses amis khalijis penche largement en faveur de ces derniers. Mais tous ne profitent pas de la même manière de notre dépendance du Maroc au pétrole.
L’intérêt économique que représente le Maroc pour les pays du Conseil de coopération du Golfe va bien au-delà des investissements. Le royaume est aussi un bon client. Comme avec une grande partie de ses partenaires, le Maroc est très largement déficitaire dans ses échanges avec les membres du CCG. En 2013 par exemple, il a importé pour 27,87 milliards de dirhams, alors que ses exportations vers cette région n’ont pas dépassé le milliard. Le déficit commercial semble même s’inscrire dans une tendance haussière. Entre 2000 et 2004, il tournait en moyenne aux alentours de 7 milliards de dirhams. Dix ans plus tard, il a été multiplié par quatre. Les économistes expliquent cette tendance par la part importante des hydrocarbures dans la cartographie des échanges du royaume. Avec l’explosion des cours du baril, ces dernières années, c’est toute la facture des importations en provenance du Golfe qui a donc flambé. Néanmoins, même si le CCG compte trois des plus importants producteurs de pétrole dans le monde – à savoir l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Qatar –, tous ne profitent pas de la même manière de cette dépendance du Maroc au pétrole arabe. En effet, l’Arabie Saoudite est le pays qui tire le mieux profit des échanges avec le royaume en s’accaparant plus de 80% de nos importations en provenance du Golfe. Bien sûr, les relations d’amitié entre les deux monarchies y sont pour quelque chose, mais pas seulement. Les relations avec le Qatar, qui n’ont pas toujours été au beau fixe, ont fait que ce pays n’est jamais parvenu à s’imposer comme un fournisseur majeur de produits pétroliers pour le Maroc. Ceci a laissé le champ libre à l’Arabie Saoudite et, dans une moindre mesure, aux Émirats Arabes Unis. Ces derniers sont actuellement le deuxième fournisseur du Maroc dans la région, avec un flux de 2,6 milliards de dirhams constitués principalement d’huile brute de pétrole et de soufre.
Exportations limitées
Dans l’autre sens, les exportations marocaines vers les pays du CCG n’ont jamais pu se développer de manière à améliorer le taux de couverture des importations. Ce taux, après avoir évolué au-dessus de la barre des 10% au début des années 2000, s’établit actuellement à 5%. Et cette situation semble difficile à surmonter, vu le positionnement des exportateurs marocains sur des segments qui n’intéressent pas forcément ces pays. En analysant la répartition des importations de ces pays, il s’avère que celles-ci sont dominées par l’achat de voitures et autres véhicules, les machines et réacteurs ainsi que les perles fines. Ces trois catégories de produits représentent près de 35%. Or, le Maroc ne dispose pas de production dans ces domaines, sauf dans l’automobile à travers Renault Tanger, mais dans un segment qui n’intéresse pas les pétromonarchies. Les seuls produits sur lesquels le Maroc peut espérer s’imposer sont les produits électriques et électroniques, les médicaments, le textile et cuir à travers les articles d’ameublement surtout, ainsi que les produits alimentaires. Encore faut-il déployer une stratégie spécifique permettant de les promouvoir auprès des partenaires du Golfe.