Smyet bak ?
C’est drôle parce que la dernière fois qu’on me l’a demandé, c’était à l’aéroport de Tel-Aviv en revenant de Palestine. J’ai eu une hésitation et je me suis retrouvé interrogé pendant des heures ! Il s’appelle Louis mais se faisait appeler Maurice, je ne sais pas pourquoi…
Smyet mok ?
Jacqueline Guespin.
Nimirou d’la carte ?
(Silence interloqué) En cours de validation…
Le Festival d’Art vidéo de Casablanca, que vous avez cofondé, fête ses vingt ans. Quelle est votre plus grande fierté ?
D’avoir découvert Mounir Fatmi à ses débuts en 1993. Il a débarqué avec sa vidéo au théâtre de Sidi Belyout. J’ai tout de suite compris qu’il allait devenir un grand. Même au sommet de sa gloire, il a l’humilité de rendre toujours hommage au festival de Casablanca.
Comment ça a démarré ?
J’étais venu en 1992 à la faculté des lettres de Ben Msik pour animer un atelier d’art vidéo d’une semaine. A la fin, on a projeté dans le grand amphi ce que les étudiants avaient réalisé et d’autres vidéos que j’avais amenées. Une étudiante m’a dit : « Au festival de cinéma des droits de l’homme, j’ai vu des films sur des sujets dont on parlait peu dans les médias. Mais à la deuxième édition, je suis partie car ils ne montraient que des films qui m’expliquaient ce qui est bien et pas bien. Ici, c’est la première fois que je vois des films qui me disent «Pense par toi-même !» » Six mois plus tard, on a fait le festival.
C’est l’aspect technique qui a plu au public ?
C’est surtout l’état d’esprit qui imprègne cet art, les libertés prises avec le cinéma dans la construction formelle. Contrairement à l’industrie du cinéma, sous contrôle des pouvoirs politiques ou économiques, il y a une brèche qui permet de s’affranchir des contraintes extérieures. On était pourtant sous Hassan II et on n’a jamais subi de censure sur les films programmés. Et pourtant, on amenait des artistes engagés, qui ont tous accepté avec enthousiasme de venir gratuitement. C’est un milieu, essentiellement hors du marché de l’art contemporain, d’une très grande générosité.
Vous êtes comédien, metteur en scène, poète. C’est une forme de poésie, l’art vidéo ?
Le caractère expérimental de l’art vidéo fait que c’est une recherche perpétuelle d’un nouveau langage avec des sons et des images. En me promenant dans Casablanca, j’ai vu un panneau avec « Interdit de stationner sauf aux convoyeurs de fonds ». Les poètes peuvent donc se garer où ils veulent, puisqu’ils sont convoyeurs de fonds et de formes.
L’art vidéo, c’est un art engagé ?
Dans les premières années, les artistes étaient plutôt des convoyeurs de formes. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus aussi des convoyeurs de fonds, surtout depuis l’arrivée d’artistes issus de pays où la création artistique est une nécessité urgente. Ce n’est pas pour rien que les derniers festivals d’art vidéo créés l’ont été dans des pays en révolution : Egypte, Palestine, Syrie… J’ai eu la chance d’être impliqué dans la création de tous ces festivals, grâce à l’expérience d’ici. Casa a été mon université d’organisateur de festivals, et c’est un immense bonheur que ça continue, grâce à l’obstination de Majid Seddati.
1959 : Voit le jour à Paris, la même année que la Révolution cubaine
1988 : Création à Manosque des Instants Vidéo, dont il est le directeur artistique
1992 : Cofonde le premier festival d’art vidéo au Maroc
2006 : Publie une histoire de l’art vidéo : Le temps à l’œuvre, f(r)iction
2014 : Célèbre le 20e anniversaire du Festival d’Art vidéo de Casablanca |
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