Amazigh Kateb : « Il n’y a pas de printemps arabe »

Par

Smyet bak ?

Kateb Yacine.

 

Smyet mok ?

Zoubaida Chergui.

 

Nimirou d’la carte ?

Je ne le connais pas.

 

Vous aviez sonné la fin de Gnawa Diffusion, avant d’annoncer votre retour… Vous êtes un indécis ?

Peut-être, effectivement… Mais ça reflète plutôt mon amour du changement. J’aime bien explorer d’autres modes d’expression.

 

Regrettez-vous d’avoir fait cavalier seul ?

Je n’ai pas réellement fait cavalier seul, j’ai juste fait quelque chose qui n’était pas Gnawa Diffusion. Et non, je ne regrette pas. J’avais d’autres envies artistiques à cette époque, et surtout le besoin de porter les textes de mon père plus personnellement. 

 

Ça veut dire que vous avez d’autres projets du genre ?

Oui. Je travaille en ce moment sur un album où la poésie contestataire et carcérale sera à l’honneur. Je pense qu’il sera prêt pour fin 2014 début 2015.

 

Vous tournez en ce moment dans un film en France. Vous n’allez quand même pas laisser tomber la musique pour le cinéma ?

Non, je suis habitué à changer de registre de temps en temps. Je l’avais déjà fait lors de mon projet théâtral, Le poète comme un boxeur. Et puis, j’aime trop la musique pour la quitter un jour.

 

Qu’avez-vous pensé des printemps arabes ?

C’est le résultat d’une colère légitime des peuples. Mais je pense qu’il n’y a pas de printemps arabe, c’est une appellation commerciale agencée par une manipulation médiatique et politique. On ne sait toujours pas si ça va aboutir à quelque chose de constructif.

 

Et de la candidature de Bouteflika ?

Il est hors jeu depuis longtemps. C’est juste une manière de garder les cartes en main, pour que le système puisse continuer à se gaver. Ce qu’il faut savoir, c’est que la constitution algérienne dit qu’en cas d’incapacité, maladie ou mort du président, c’est le Premier ministre qui prend le relais, et ce pour cinq ans. À mon avis, c’est le scénario qui se présente.

 

Quid des soixante chanteurs algériens qui se sont engagés pour lui en musique ?

Il me faudrait une soixantaine d’adjectifs pour vous dire ce que j’en pense. Il y a parmi eux des personnes que je connais, et je suis très déçu. J’ai honte pour eux. Et puis, la chanson est imbuvable et mourante : elle ressemble parfaitement à Bouteflika.

 

Il paraît que vous avez appris le tagnaouite chez nous…

J’ai appris avec des cassettes, dans ma chambre en Algérie, mais je jouais au guembri comme sur une basse. Au Maroc, j’ai acquis la bonne technique.

 

Vous êtes souvent au Maroc… Vous nous aimez bien ?

Oui, je vous aime beaucoup. J’aime particulièrement le Maroc profond, j’y apprends énormément. À une époque, je voulais même m’y installer, mais mes plans ont changé entre-temps.

 

Si on vous proposait, comme à Khaled, la nationalité marocaine, vous la prendriez ?

Sans problème. J’en ai déjà deux, et une troisième serait un grand honneur pour moi.

 

Antécédents

1972 : Naissance à Staoueli, en Algérie

 

1985 : Quitte l’Algérie pour la France

 

1992 : Monte sur scène pour la première fois avec Gnawa Diffusion

 

1996 : Sort son premier album solo

 

2010 : Se marie et a deux enfants

 

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