11 ans après, le dossier du 16 mai n’est toujours pas classé

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La plaie des attentats du 16 mai 2003 ne s’est toujours pas refermée. Le sort des islamistes détenus dans les prisons marocaines est désormais otage de la crise syrienne. 

 

Ce vendredi, la traditionnelle cérémonie commémorative en hommage aux 33 victimes des attentats se tiendra comme à l’accoutumée à Casablanca. Parallèlement, à Rabat, une manifestation à l’appel du «Comité mixte pour la défense des détenus islamistes» est prévue pour réclamer la libération de détenus islamistes.

On s’en rappelle, au lendemain des attentats sanglants de Casablnca, une vague d’arrestation s’était abattue sur les milieux salafistes. Des figures de proue de cette mouvance, comme Abou Hafs ou Fizazi, sont sortis de prison suite à une grâce royale accordée en 2011 à près de 200 détenus islamistes. D’autres détenus purgent, eux, toujours leur peine de prison.

Y’aura-t-il de nouveau une grâce royale cette année? L’hypothèse reste de mise, mais ce qui est sûr, c’est qu’aucune avancée majeure dans le dossier n’a été enregistrée depuis l’éclaircie de 2011, à la faveur de la pression des manifestations du 20-février.

Une IER bis nécessaire ?

« Le contexte de pression du 20-février n’est plus de mise. De plus, certaines figures de la mouvance, comme le cheikh Fizazi, sont devenus des alliés du régime. Enfin, des leaders pjdistes qui réclamaient la réouverture du dossier, comme l’actuel ministre de la Justice Mustapha Ramid, n’ont plus intérêt à la faire à cause de leur position gouvernementale », nous résume le politologue spécialiste des mouvements islamistes Youssef Blal.

Au delà d’une relaxe de ces détenus et du problème que posera indubitablement leur réinsertion dans la société, le politologue estime qu’il faudra tôt ou tard «un processus de réconciliation similaire à celui de l’instance Equité et réconciliation» pour solder les comptes de cette période.

L’équation syrienne

Une telle perspective paraît toutefois encore lointaine, à cause de la nouvelle donne géopolitique notamment en Syrie, où près de 2.000 Marocains se sont enrôlés dans le Jihad, si on inclut les combattants d’origine marocaine venant d’Europe.

« On nous a demandé de garantir que les détenus libérés n’iront pas combattre en Syrie », explique à l’AFP Khadija Merwazi, directrice du Médiateur pour la démocratie et les droits de l’Homme (MDDH).

Youssef Blal pense que cette réalité peut poser problème au gouvernement marocain. «Les sécuritaires peuvent se dire qu’une libération massive risque d’être mal interprétée par la communauté internationale», analyse-t-il.

Faut-il en déduire que le statu quo est toujours de mise? Fort probable, même si l’on est jamais à l’abri d’une surprise, comme l’annonce d’une grâce en faveur de certains détenus de la mouvance salafiste. 

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