Les étudiants des Beaux-Arts de Casablanca dans la rue

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Jeudi 15 mai, une quarantaine d’étudiants de l’Ecole Supérieure Des Beaux-Arts de Casablanca manifestaient devant leur établissement pour faire reconnaître leur diplôme par l’Etat.

Il est 11 heures sur le boulevard Rachidi, à Casablanca, lorsqu’une vingtaine d’élèves de l’Ecole Supérieure Des Beaux-Arts frappent en rythme dans leurs mains. Devant les grilles closes, des dessins réalisés par les étudiants se font l’écho d’une contestation en cours.

La raison de cette manifestation est la non certification par l’Etat du diplôme reçu par les étudiants en fin de parcours. Pour résumer, le diplôme de cette école publique ne rend pas possible la reprise des études dans des établissements situés à l’étranger.

Depuis hier, la direction de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Casablanca a annoncé aux élèves qu’ils n’auraient plus cours jusqu’au début de la semaine prochaine, à cause de ce mouvement grandissant. Ce matin, les étudiants voulaient réaliser une performance artistique dans le but de dénoncer leur situation, mais celle-ci a bien vite tourné court. Un membre du personnel a en effet confisqué leurs chevalets et a fermé les grilles de l’intérieur, bloquant ainsi une dizaine d’élèves dans l’enceinte de la structure. L’une de ces élèves a été victime d’un malaise et a été finalement évacuée par les secours avec le concours de ses camarades, le personnel n’ayant pas réagi, selon eux.

Des étudiants désenchantés 

Reda est étudiant ici depuis trois ans, en architecture d’intérieur. Ce grand brun aux cheveux courts garde le sourire, malgré le tableau qu’il dresse de son école et de son fonctionnement : « A part l’Institut des beaux-Arts de Tétouan, nous sommes la seule autre école d’art au Maroc. L’art n’intéresse pas grand monde et selon moi, notre Maroc n’est pas un pays d’art. Mais ici, nous sommes tous motivés, nous avons tous la passion. Mais dès que l’on est entré ici, on nous a coupé cette motivation, cette liberté artistique. Tant par l’enseignement reçu que par l’administration de cette école ».

Crédit photo : Louis Witter pour TelQuel

A propos de l’administration, même refrain du côté de Ghizlane, jeune femme révoltée par la situation et l’une des meneuses du mouvement, bloquée à l’intérieur : « De graves dysfonctionnements sont à noter ici ! Plusieurs professeurs accumulent des absences, des cours inutiles où nous sommes obligés de rester en classe à attendre. Pire, certains professeurs n’ont pas été payés depuis plus de neuf mois !». Nous avons tenté de joindre la direction de l’école sans succès.

Reda soutient ce mouvement, mais comme tout élève, il y a des cours qu’il veut continuer à suivre « parce qu’ils sont importants, intéressants et utiles ». Pour ce faire, ses camarades et lui ont décidé qu’ils porteraient un brassard blanc pour montrer leur soutien au mouvement tout en suivant normalement les quelques cours encore maintenus. Pour Ghizlane et lui, leur crainte la plus grande est de se faire expulser de l’établissement pour avoir pris part à ce mouvement de contestation, mené entre autres par des lauréats des Beaux-Arts ayant fini leur cycle d’apprentissage. Mais pour les élèves, ce remous est amené à s’inscrire dans la durée. « Nous ne lâcherons pas » disent-ils d’une seule et même voix, « notre diplôme doit être reconnu ».

Le directeur de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts, lui, n’a pas été vu à l’Ecole depuis hier matin. 

Crédit photo : Louis Witter pour TelQuel

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