Agrumes. La mandarine king size

Les Domaines Agricoles présentent fièrement Afourer, un fruit, mais aussi un business plan des plus juteux. Récit.

C’est la star de l’un des plus beaux stands du Salon international d’agriculture de Meknès (SIAM). Les Domaines Agricoles ont présenté une variété de mandarine dont ils sont les seuls à détenir la recette : Afourer. Le mandarinier qui produit cette variété a été découvert pour la première fois aux Etats-Unis, dans les années 1940.   « On ne sait pas par quel miracle il a atterri à Marrakech vers les années 1950 », s’amuse El Aroui Mohamed, ingénieur agronome et responsable gérant d’Afrourer. Vers 1986, un certain Bachir Nadori, enseignant-chercheur en agronomie, repère ce plant grâce à son feuillage luisant et inhabituel. Il commence alors une série d’expériences. Dans la foulée, il est recruté par les Domaines Agricoles pour parfaire les résultats et entamer en 1991 une première plantation de 100 hectares à Marrakech. « Trois ans plus tard, on avait découvert l’une des meilleures variétés de mandarines », raconte El Aroui.

Un fruit très juteux

En effet, Afourer s’est révélée très avantageuse. D’abord grâce à une capacité de production 2 à 3 fois plus importante que la simple mandarine (entre 50 et 85 tonnes par hectare). De plus, c’est un fruit sans pépin, avec un meilleur goût et davantage de jus. Enfin, cette variété peut se conserver jusqu’à 45 jours, ce qui la rend pratique pour l’export. Les Domaines Agricoles ont donc décidé de miser sur les qualités du fruit. Le produit a été par la suite déposé sous le nom de « Nadorcott », en référence au chercheur. Les Domaines bénéficient ainsi de la licence du plant qui court jusqu’en 2029. De ce fait, la rareté de ce fruit procure à l’exploitant une marge qui peut atteindre 10 dirhams par kilo.

« L’authenticité de cette variété est un capital, on a donc fait des études pour la garder. Elles ont démontré qu’elle doit être cultivée dans seulement cinq régions du Maroc : Souss, Chichaoua, Marrakech, Fkih Bensaleh et le Gharb », révèle El Aroui. Les agriculteurs de ces régions peuvent ainsi s’offrir le plant d’Afourer. Pour cela, ils doivent déposer une demande auprès de la firme qui, lors d’un conseil trimestriel, décide de leur octroyer ou non. Une fois la demande validée, l’exploitant n’aura droit qu’à 20 hectares de plants (à raison de 670 par hectare). Il doit par la suite payer 20 DH de royalties par plant ainsi que 35 DH pour la pépinière. L’entreprise accompagne le plant d’un cahier des charges et d’un contrat à respecter par l’exploitant. Actuellement, 6000 hectares d’Afourer sont cultivés, dont 450 appartiennent aux Domaines, à travers le Maroc. L’activité de vente de plants a rapporté près de 200 millions de dirhams sur 20 ans.  « Pour garantir la bonne qualité du produit, on met au service des différents bénéficiaires 20 stations de conditionnement qui nous sont affiliées », explique El Aroui. Ensuite, la société perçoit des royalties fixées à 10 centimes sur chaque kilo destiné à l’export.

L’engouement pour cette mandarine a dépassé les frontières et d’autres pays se sont montrés friands. L’entreprise royale a, suite à une étude de fertilité des sols, servi sept pays : les USA, l’Afrique du Sud, le Pérou, l’Espagne, l’Australie, l’Italie et le Chili. Des pays qui sont eux aussi amenés à verser des royalties pour chaque plant. Malheureusement, cette variété est exclusivement destinée à l’export.  

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