Un nouvel écrit sur le Printemps arabe retrace, entre autres, les évènements du 20 février au Maroc. Khalid Laasri, l’un des leaders d’Al Adl Wal Ihsane y raconte l’évolution de la Jamaa durant cette période.
Le livre de la chercheuse Lina Khatib intitulé Taking to the Streets: The Transformation of Arab Activism (ndlr: Descente dans les rues: la transformation du militantisme arabe) relate et analyse les différents évènements du mouvement du printemps arabe à travers plusieurs pays. Un chapitre de l’ouvrage, écrit par le chercheur et fondateur de TelQuel, Ahmed Reda Benchemsi, est consacré au Maroc et inclut une interview de de Khalid Laasri, l’un des leaders de la section de Tanger du mouvement Al Adl Wal Ilhsane. Celui-ci décrypte l’évolution de son mouvement durant l’année 2011.
Rappel des objectifs de la Jamaâ
Les buts stratégiques de l’Al Adl Wal Ihsane sont énoncés dans son nom. Le premier objectif, religieux, est de faire de la « charité ». L’atteinte de ce but s’illustre selon Laasri par la mise en place de programmes de « camaraderie religieuse » et d’éducation religieuse où les bonnes manières religieuses sont instruites.
Le deuxième objectif, d’ordre politique, est d’établir la justice. Une mission qui passe par le « boycott de toutes les institutions politiques, ainsi que les élections ». Cette mise en place de la justice, permettra la « construction d’un mouvement populaire qui sera assez fort pour résister à la tyrannie du Makhzen à travers des formes variées de manifestations pacifiques. »
« La gauche incapable de transcender les différences »
Le militant explique dans cette interview pourquoi la Jamaa a participé aux manifestations du mouvement du 20 février (M20). L’ancien leader de la mouvance, Abdeslam Yassine a fait de nombreuses références dans ses écrits au concept de Qawma (ndlr : soulèvement des masses). Pour Laasri, les évènements du printemps arabe ont confirmé les théories du cheikh Yassine et ont insufflé « une confiance nouvelle » aux partisans d’Al Adl Wal Ihsane.
Les sympathisants de la Jamaa ont dû tester leurs aptitudes dans trois domaines suivants durant les manifestations du M20: « l’adaptation rapide aux situations changeantes, la capacité de mobilisation en aidant les manifestants à surmonter leur peur et à prendre effectivement part aux manifestations et assurer la liaison entre Al Adl Wal Ihsane et les différents groupes de gauche en vue d’organiser les manifestations ». Malgré la « réussite relative » de ce test, Laasri déplore le fait que certains activistes de gauche « n’aient pas été capables de transcender les différends politiques » et dénonce l’infiltration d’éléments des forces de l’ordre au sein du M20.
Le M20 en conflit avec l’identité du pays
Le responsable islamiste évoque également le retrait de la Jamaâ du M20. Trois raisons ont mené à ce retrait : « le plafonnement des demandes par les militants du M20 […] la volonté de donner au mouvement une identité qui est en conflit, de manière provocatrice, avec l’identité du pays […] Al Adl Wal Ihsane considérait que le M20 n’avait plus de rôle à jouer ».
Laasri considère néanmoins que les évènements du 20 février ont été formateurs pour son organisation en lui permettant « d’interagir avec les masses de manière plus efficace » et « d’intérioriser les besoins et les problèmes des habitants de meilleure manière ». Le M20 aura, selon le militant, permis la transformation de la Jamaâ en « mouvement social ».
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