Karim Tazi tacle le ministre de la communication sur l’affaire Anouzla

La rencontre organisée par Hespress et Huna saoutouk , samedi 10 mai, a donné lieu à un échange virulent entre le responsable associatif, Karim Tazi, et le ministre de la communication, Mustapha El Khalfi. Un échange dont le sujet principal était le journaliste Ali Anouzla.

« Vous dites, bla hechma bla hiya (ndlr : toute honte bue), que vous ne savez pas qui a arrêté Anouzla et  l'a jeté en prison ?». C’est en ces termes très directs que le militant et chef d’entreprise, Karim Tazi, a qualifié les propos du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement concernant le sort d’Ali Anouzla. La confrontation entre les deux hommes a eu lieu  lors d’une rencontre organisée par Hespress et par le site d’information néerlandais Huna Saoutouk, le 10 mai.

« Le PJD participe à l’abrutissement du peuple »  

Le ministre de la communication a indiqué, lors de cette rencontre, que le journaliste n’a pas officiellement été condamné par la justice à une peine de prison. L’ancien directeur de publication du quotidien Attajdid a également précisé que l’avocat du journaliste (ndlr : Hassan Semlali) avait lui-même demandé la fermeture du site de son client.  Le porte-parole du gouvernement a déclaré ne pas connaitre l’identité de la personne ayant ordonné l’emprisonnement du journaliste.

Un discours, qualifié de « technocratisant » par Karim Tazi, et  qui a suscité l’ire de ce dernier lors de son intervention: « Est-ce vraiment vous, le Mustapha el Khalfi que nous avons connu ? (ndlr : au poste de directeur de publication de Attajdid) ». Une attaque d’autant plus forte que le militant avait affiché son soutien au parti de la lampe lors des élections législatives de 2011. Il juge d’ailleurs que « la situation de la liberté d’expression et  la liberté de presse ne s’est pas améliorée sous le gouvernement PJD ». Pour le chef d’entreprise,  le gouvernement actuel est dans la lignée des gouvernements précédents et persiste dans « le harcèlement des journalistes »,  et les « arrestations arbitraires ». « Le PJD, en acceptant que le secteur audiovisuel reste ce qu'il a toujours été, un simple outil de propagande, se rend complice d'une entreprise d'abrutissement  du peuple» ajoute le militant.

«  De très grandes avancées » et de très mauvais classements

Pour sa part, Mustapha El Khalfi n’a pas répondu directement aux interpellations de Karim Tazi. Il s’est contenté de dresser son bilan sur la situation de la presse marocaine. Le ministre  juge que « le Maroc a accompli de très grandes avancées concernant la liberté de la presse » et a illustré son propos en indiquant que « le nombre de procès de journalistes a été réduit », tout comme celui des amendes à leur encontre. Bien qu’il y’ait « encore des défis à relever », le porte-parole du gouvernement a indiqué que les reformes du secteur des medias seraient « progressives ».

Des reformes progressives qui peinent à se concrétiser  comme l’illustre l’absence de loi ou de projet de loi régulant la presse en ligne. Les « grandes avancées » de la liberté de la presse s’illustrent, quant à elles, par les classements  peu reluisants du Maroc dans les rapports établis par les différentes institutions spécialisées : 147eme du classement établi par l’ONG américaine Freedom House, et 136eme du classement effectué par Reporters Sans Frontières.

 

Vous pouvez voir-ci ,dessous, une partie des interventions de Karim Tazi et de Mustapha El Khalfi

 

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