Le parti du tracteur fait de l’ordre dans ses rangs et n’hésite pas à expulser des responsables. Une véritable campagne d’assainissement à l’approche des élections.
Depuis début avril, le PAM vit à Casablanca une crise sans précédent. Pas moins de sept de ses figures de proue dans la métropole ont été débarquées sur décision de la direction. Il s’agit notamment de Mohamed Manser, président du conseil préfectoral de Sidi Bernoussi, Abdelaziz Jedîi, patron du conseil de la préfecture de Nouaceur, Farida Naïmi, élue à la deuxième chambre du parlement, ou encore Amina Letnine, adjointe au maire Mohamed Sajid. Suite à cette purge, un autre gros calibre se retrouve sur la sellette. Ayant critiqué l’expulsion des responsables locaux du PAM dans la presse, Kawtar Benhammou est débarquée à son tour. La conseillère communale de Bouknadel, qu’on surnommait la « Pam-pam girl », ne fait désormais plus partie de la direction du parti de Mustapha Bakkoury. Mais pourquoi cette vague de radiations ? Serait-elle liée aux élections de 2015 ? Tout porte à le croire.
La discipline avant tout
« Ces personnes ont été sanctionnées pour les mêmes causes : le manque de loyauté envers le parti, voire leurs nuisances. En plus, elles ne s’impliquaient plus dans les structures locales et régionales », explique Salaheddine Aboulghali, secrétaire régional du PAM pour la région du Grand Casablanca. Il précise toutefois que la décision finale a été prise au niveau du bureau politique, sur la base des rapports de la commission nationale d’éthique. « Aujourd’hui, nous sommes moins intéressés par le poids électoral des personnes que par l’adhésion au projet du parti en général », poursuit Aboulghali. « Nous ne sommes pas là pour donner des leçons aux acteurs politiques. Mais tout le monde semble oublier que le taux de participation lors des dernières élections législatives n’a pas dépassé les 27%. Et ce n’est pas avec une certaine catégorie d’élus que nous allons réconcilier les Casablancais avec les urnes », enchérit un autre dirigeant du parti du tracteur. Autrement dit, l’époque où le PAM recrutait à tout-va pour se faire une place sur l’échiquier politique est révolue. Fini les transfuges d’autres partis, les notables et autres bleus en politique.
La touche Bakkoury
« Après la création du parti en 2008, la priorité était aux élections. Depuis quelque temps, elle est désormais à l’organisation et nous ne tolérerons pas que des militants violent les constantes et les statuts du parti », affirme Samir Aboulkassim, président du conseil régional du PAM et ex-membre de la direction. Un recadrage lié à l’arrivée de Mustapha Bakkoury début 2012 ? « Le parti a commencé à radier des militants bien avant cette date. Mais il est vrai qu’il y a plus de rigueur depuis quelques mois », admet un dirigeant du PAM. Ainsi, début 2014, la direction a vite réagi à l’agression au parlement du ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi, en expulsant deux de ses membres. Fin 2013, une autre purge menée dans l’Oriental a débouché sur la radiation de pas moins d’une dizaine de présidents de commune. Lakhdar Haddouche, ex-maire de la ville d’Oujda, a également été poussé vers la sortie. Aujourd’hui, le nombre des bannis avoisine la centaine, selon des sources internes. Et cela semble parti pour durer. Aux dernières nouvelles, le dirigeant Ilyas El Omari se trouvait en mission d’« inspection » dans les régions de Marrakech et du Souss.
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