Parution. Il était poète, cinéaste, dessinateur. La dernière livraison de la revue Nejma rend un hommage plus que nécessaire à Ahmed Bouanani.
C’est le portrait d’un homme aux mille talents. Après les hommages à Choukri et Khaïr-Eddine, la revue tangéroise Nejma a confié à Touda Bouanani la coordination d’un numéro spécial dédié à son père. Surmontant une mémoire dure, marquée par les deuils, les incendies et les inondations, elle s’est faite « archiveuse » pour sauver manuscrits, films, photos, dessins, articles… toute une vie de création. Ahmed Bouanani était, confirme le journaliste Abdallah Stouky, un poète sur tous supports, une étoile filante pareille à Victor Segalen et à Rimbaud, « une usine à turbines imaginatives qui produit du combustible à usage ardent multiple ». Un artiste explorant les coins et recoins de l’imaginaire, comme Jean Cocteau qu’il admirait, comme les poètes et conteurs populaires dont il s’inspirait. « Parler de soi ce n’est pas intéressant, disait-il, mais parler de soi à travers les mythes, c’est plus intéressant parce que les mythes ne meurent pas. Ils restent. C’est une autre façon de parler de soi. » L’écrivain Omar Berrada souligne son sentiment aigu d’une perte de mémoire. Une partie de la revue est consacrée au roman majeur de Bouanani, L’Hôpital, inspiré de son expérience. Une autre partie se penche sur le travail du cinéaste, dont l’Histoire du cinéma au Maroc est encore inédite. Le réalisateur Ali Essafi rappelle le harcèlement dont a été victime Ahmed Bouanani : Mémoire 14 a été charcuté par la censure et, interdit de réalisation, il n’a pu réaliser son premier long métrage, Le Mirage, qu’en 1979. Nejma reproduit des affiches de films, des extraits de scénarios écrits à la main, des dessins. Un dossier riche, qui donne envie de redécouvrir cette œuvre singulière.
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