Sortie. Parages du vide est le titre du nouvel album de l’ancien membre du groupe Téléphone. Une mise en musique de poèmes de Michel Houellebecq.
Que pourrait bien penser un critique littéraire d’une telle association ? Et un critique musical ? Pour le premier, un poème – digeste ou pas – livre sa propre musicalité. Au lecteur de lui ajuster les chœurs qui l’enchantent. Pour le second, un poète n’est pas forcément un parolier, d’autant que ses poèmes sont pensés en vers et non en phrasés cherchant un support mélodique. De précédentes expériences n’ont grandi ni les auteurs ni les compositeurs. Dans bien des cas, on a frôlé le préjudice moral : Léo Ferré triturant Baudelaire ou Rimbaud, Jean Ferrat ébouriffant Aragon, Bernard Lavilliers éclaboussant Cendrars… Seulement ici, la donne est autre. Houellebecq voyait (naïvement ?) ses poèmes mis en musique, comme il l’expliquait dans le quotidien français Libération à la sortie, en 2013, de Configuration du dernier rivage : « Mes limitations vocales m’empêchent d’arriver au niveau que mes textes mériteraient. Il y a plein de trucs utilisables dans mes textes, mais il faut chanter, vraiment. » Si c’est chose faite aujourd’hui, celui qui n’est pas limité vocalement n’est pas le meilleur de la place. Du temps où il officiait au sein du défunt Téléphone, Jean-Louis Aubert plongeait sa voix fluette dans un univers rock strident et minimaliste. Le tour était ainsi joué. Il a peiné à faire mieux en se lançant en solo. Avec Parages du vide (Parlophone), les mots échappent à la composition et inversement.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer