Les sociétés cotées clôturent l’année 2013 sur des résultats très décevants. La reprise tant espérée par les acteurs du marché n’a pas été, tout compte fait, au rendez-vous.
L’année 2013 n’aura pas été celle du redressement des finances des sociétés du Masi. Les résultats publiés le démontrent. « Le retrait de la capacité bénéficiaire, qui a frôlé 6% en 2013, a révélé que les sociétés de la cote n’ont pas su tirer leur épingle du jeu et ont fini par subir de plein fouet le contrecoup de la conjoncture difficile de 2013 », explique Mohamed Mariane, gestionnaire de fonds à Marogest. Pourtant, les résultats semestriels laissaient espérer un retournement de tendance. Mais la décélération de la demande intérieure et les tensions sur les liquidités ont lourdement pesé sur l’activité des sociétés de la place. Les revenus des sociétés industrielles et de négoce se sont repliés de 2,6% à 184,2 milliards de dirhams. Ce recul n’a été compensé que par l’augmentation de 7,5% du PNB des sociétés financières et par la bonification de 1,9% des primes générées par les compagnies d’assurances et de courtage. «Tout n’a pas été noir pour autant, car le chiffre d’affaires consolidé réalisé par la cote ressort, lui, en stabilité, ce qui laisse entendre que la méforme de la place est plus due aux éléments conjoncturels qu’aux choix stratégiques des sociétés », relève notre spécialiste.
Le BTP en forme
En termes de contribution sectorielle à la masse bénéficiaire, le secteur bâtiment et travaux publics a été le plus rentable de l’année, avec un résultat consolidé de 2,7 milliards de dirhams, en progression de 15%. « La montée en régime des réalisations du secteur ne repose pas sur une hausse de la production mais seulement sur quelques éléments d’ajustements intervenus au cours de l’année », nuance Mariane. Alors que 2013 a connu un ralentissement de l’investissement public, une chute remarquable des ventes de ciment (-6,3%) et une hausse du prix du carburant, les cimentiers ont réagi en haussant leur prix de vente pour pouvoir dégager des bénéfices en nette hausse. Sonasid a, de son côté, profité de l’entrée en vigueur des mesures de sauvegarde pour récupérer des parts de marché à la concurrence des importations et afficher un résultat positif de 86 millions de dirhams, contre un déficit de 93 millions en 2012. L’autre secteur à afficher une performance honorable est celui des mines. Le résultat net consolidé de ce compartiment de la cote passe de 1,15 milliard en 2012 à 1,27 milliard à la clôture des comptes 2013. Mais là aussi, l’exploit est en déphasage par rapport au contexte, selon les spécialistes. « Tandis que les cours de l’or et l’argent ont chuté sur les marchés internationaux, Managem et sa filiale argentifère SMI ont capitalisé sur l’arrivée à échéance des contrats de couverture et de l’augmentation de leur capacité de production», explique notre gestionnaire de fonds.
Le blues des « blue chips »
La contre-performance globale des bénéfices de la place repose néanmoins sur la méforme des grandes capitalisations. Hors Maroc Telecom, la capacité bénéficiaire en 2013 aurait reculé de seulement 1,8% au lieu de 5,7. « La première capitalisation a laissé des plumes dans cet exercice, à cause de la recrudescence de la concurrence. », souligne Mariane. L’opérateur historique affiche en effet un chiffre d’affaires de 29,8 milliards de dirhams, en baisse de 4,3%, et une chute de 17,4% de son résultat à 5,5 milliards. «L’effritement des bénéfices de Maroc Telecom trouve son origine dans la survenance de quelques éléments exceptionnels tels que le règlement d’un litige fiscal de l’ordre de 1,5 milliard de dirhams et le décaissement de charges additionnelles de 200 MDH, relatives au plan de restructuration initié en 2012 », note notre spécialiste.
Le secteur bancaire n’est pas en forme non plus et ressort en nette baisse. « Malgré tout, le secteur a montré une forte résilience dans une conjoncture peu favorable, marquée par un niveau de risque élevé et un assèchement de la liquidité », soutient un analyste. En fait, le PNB des établissements bancaires a cru de 7,9% à 47,9 milliards de dirhams, porté par la bonne conduite des filiales africaines. Il n’empêche que le résultat net est en repli de 2% à 8,7 milliards de dirhams, plombé par la montée du coût du risque, qui se traduit par un effort de provisionnement consenti par l’ensemble des institutions bancaires.
2014, année de la reprise ?
Les acteurs de la place ont longtemps cru à une reprise du marché boursier en 2014, notamment après une année 2013 où l’indice de la place a fait du surplace. Néanmoins, les performances des sociétés cotées plus que décevantes poussent les professionnels du marché à revoir leurs projections. «Avec les nouveaux éléments qui entrent dans l’équation, il y a de quoi calmer nos ardeurs. Le marché devrait connaître une phase de dépressurisation pour digérer ce dernier jet de publications », annonce Mariane. Mais si la corbeille a reçu une douche froide suite à l’annonce de résultats, il n’en demeure pas moins qu’elle regorge toujours de valeurs ayant de bonnes perspectives de croissance. La cote casablancaise présente par ailleurs de multiples avantages comparatifs qui sont de nature à accroître son attractivité. Son niveau de rentabilité des capitaux propres et les rendements élevés des dividendes sont des éléments qui ne passent pas inaperçus pour les investisseurs étrangers en quête d’opportunités de placements. Ajoutez à cela que Casablanca n’a jamais été une place efficiente et sa performance a toujours été peu connectée aux résultats des sociétés cotées.
TOP 5. Les champions de la rentabilité
Malgré les performances décevantes de la cote, certaines sociétés affichent un niveau de marge nette impressionnant. Comme c’est le cas pour CTM qui enregistre une marge nette de près de 66% en 2013, en hausse de 6,1 points par rapport à 2012. Cela s’explique en partie par la réalisation d’un résultat non courant consolidé positif de 552 100 dirhams contre un déficit de 27,4 millions une année plutôt. La filiale argent de Managem, SMI, s’adjuge pour sa part un taux de marge nette de 45,4% dû notamment à un résultat net qui s’est bonifié de 8% en 2013 à 509 millions de dirhams. La société profite entre autres d’un bilan positif réalisé sur les opérations de couverture de change ainsi que des dénouements des positions de couverture qui ont fait l’objet des restructurations effectuées ces dernières années. En 3e position sur l’échelle de la marge nette figure Agma Lahlou Tazi, qui engrange des revenus en hausse de 2,1% à 120,5 millions de dirhams. Même si les performances commerciales de la société de courtage affichent une évolution plutôt timide, elle arrive par ailleurs à maintenir son taux de marge au niveau de 41%. En dépit du ralentissement général de l’activité de financement, Salafin arrive pour sa part à réaliser des performances opérationnelles au beau fixe, revigorées notamment par le développement d’activités génératrices de Fee Business. In fine, les bénéfices de la société en 2013 s’apprécient de 3,2% à 95,1 millions de dirhams, fixant de facto la marge nette à 34,5%. Avec une marge nette de 33,8%, Balima figure à la 5e position du baromètre de la rentabilité en 2013, et ce même si la société accuse une baisse de 4,4% de ses bénéfices en 2013 à 13,3 millions de dirhams, une performance qui reste en revanche relativement stable comparativement à ses revenus, qui ressortent à 39,3 millions de dirhams. [/encadre] |
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