Névrose. Le scénariste de Taxi Driver et l’auteur d’American Psycho ont uni leurs efforts pour The Canyons, un film fauché mais brillant.
Tous les grands cinéastes ont ouvert, un jour ou un autre, une parenthèse pour faire des « petits » films. Ils donnent alors l’impression de s’amuser, comme des enfants dans une cour de récréation. Tant mieux. Car si ces films sont petits par le budget et les moyens qui leur sont alloués, ils restent grands par leur portée artistique.
Paul Schrader est connu pour avoir écrit Taxi Driver, mais aussi pour avoir réalisé des films cultes comme Hardcore, Blue Collar ou Mishima. Devant une feuille blanche, ou derrière la caméra, il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il donne libre cours à ses névroses. Après s’être épuisé dans des films hollywoodiens parfois consensuels, il a choisi aujourd’hui de retourner à la source : un « petit » film d’auteur, indépendant et même fauché. Pour moins d’un million de dollars, c’est-à-dire trois fois rien, il a adapté un scénario de cet écrivain à l’univers si particulier : Bret Easton Ellis.
Sexy et intelligent
L’écrivain a imaginé un univers en droite continuation du célèbre American Psycho, avec des personnages au bord du vide, insensibles à tout, à la limite lobotomisés, dérivant tranquillement vers le pire. En plantant les décors à Hollywood, le scénario devient une critique violente du cinéma américain, et peut-être aussi du rêve américain.
Pour apprécier The Canyons, il faut se dire que l’on a affaire à deux grands névrosés. L’écrivain et le cinéaste ont uni leurs efforts, et leurs névroses, pour se livrer à un véritable jeu de massacre. Imaginez deux couples de rêve et faites-leur vivre un cauchemar : chacun ment à l’autre, tous sont confits dans leur vanité, et à la fin il y a forcément un crime…dont ils s’accommodent tous. Pervers et amoral, The Canyons a toutes les qualités d’un bon premier film : il est frais, brillant, divertissant. Et par-dessus tout sexy et intelligent.
The Canyons, drame-thriller américain avec Lindsay Lohan, James Deen, Nolan Gerard Funk et Gus Van Sant.
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