C’est dans la soirée du 31 mars qu’Ibrahim Maalouf s’est produit à l’Hippodrome d’Anfa à l’occasion du festival Jazzablanca. Un concert attendu par le public marocain, qui n’a pu apprécier le talent de l’artiste libanais depuis sa prestation à Mawazine en 2012. TelQuel y était.
20h30, hippodrome de Casablanca. La foule trépigne d’impatience devant l’un des portillons censés filtrer le flux massif de spectateurs. Une fois à l’intérieur, la salle de concert est littéralement pleine. Plus aucune place. Les retardataires n’auront qu’à s’asseoir au fond ou, pour les plus malheureux d’entre eux, se tenir debout. A rappeler que le prix du ticket était de 450 dirhams. Aux environs de 21h15, l’artiste débarque sur scène et le show peut commencer.
Le spectacle est sur scène… et dans le public
Crédit photo : Yassine Youssef pour TelQuel
François Delporte, le guitariste du groupe, entonne les premières notes de l’album. Ce début donne le ton : le public se plonge dans un silence parfait pour se laisser emporter dans l’univers quasi-sacré du trompettiste. Ibrahim Maalouf est énergique. Il enchaine les mélodies de son dernier album, Illusions – primé lors des dernières victoires de la musique – ainsi que ses plus grands succès. L’artiste n’hésite pas à interagir avec son public. « C’est fou, nous n’avons jamais été reçus avec autant d’enthousiasme. Je sais que je ne vends pas énormément de disques ici, mais vu cet accueil, vous pouvez télécharger toute ma musique illégalement ! », blague le trompettiste avant de proposer Beirut, son plus grand succès extrait de son album Diagnostic, que le public n’a pas hésité à reprendre avec lui en chœur.
Ibrahim Maalouf est fiché comme un artiste jazz, mais son spectacle est digne d’un concert de rock. Ce n’est pas seulement le trompettiste qui fait le show mais tout l’orchestre qui l’accompagne. Le guitariste, le bassiste et le pianiste y vont chacun de leur improvisation. Le batteur s’offre, quant à lui, un solo épique qui fait soulever la foule pendant plusieurs minutes tandis que tous les autres musiciens, Maalouf inclus, quittent la scène pour le laisser profiter de son moment de gloire.
Le public est une partie intégrante du show. Maalouf a la capacité de désinhiber son audience en l’incitant à taper des mains, jusqu’à ce qu’elles en soient rouges, ou à siffloter pendant plusieurs minutes pour accompagner ses compositions. Un public qui pousse même la chansonnette lorsque l’artiste entame sa chanson phare, Beirut. Le spectacle vient du public au sens propre, cette fois-ci, lorsque le trompettiste marocain Othman El Khaloufi surgit au milieu de la foule pour accompagner Ibrahim Maalouf en plein morceau.
C’était beau mais…
Crédit photo : Yassine Youssef pour TelQuel
A la fin du concert, le verdict est unanime. Les mots « magnifiques », « magiques » et « grandioses » sont ceux qui reviennent le plus souvent sur les lèvres d’une audience impressionnée par la performance de l’artiste. La soirée aurait pu être parfaite si elle n’était pas entachée par certains défauts dans son organisation.
Bien que Maalouf ait enflammé la scène, l’incendie aurait bien pu avoir lieu côté public à cause des inutiles chauffages à gaz encadrant l’espace VIP. L’installation de ce dispositif destiné au plein air est d’autant plus dangereux que la scène n’offrait que deux sorties. Un incendie aurait également pu être causé par le grand nombre de cigarettes fumées par les spectateurs dans cette salle fermée. Sinon, le show offert par le trompettiste valait le détour.
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