Hicham Lahlou : « Je ne suis pas prophète en mon pays »

Par

Smyet bak ?

Abdelaziz.

 

Smyet mok ?

Zakia.

 

Nimirou d’la carte ?

PL802533

 

Pour devenir designer, faut-il être fou ou visionnaire ?

Les deux à la fois. Il faut avoir de la vision pour avancer malgré la solitude et les difficultés. Dans le design, le plus important c’est le moyen et non la finalité.

 

Vous considérez-vous comme un ambassadeur de la culture marocaine ?

Oui, en toute modestie. Quand je parle de mon travail, je parle forcément de mon pays, de sa culture, de son histoire, de sa longue tradition. Le Maroc est dans une région, dans un continent que je représente, c’est comme ça que je peux me distinguer au niveau international.

 

Vous venez de lancer l’Africa Design Award, une plateforme du design africain. D’où vous vient cet intérêt pour l’Afrique ?

Franchement, il s’agit d’un amour inconditionnel pour ce continent. Beaucoup de Marocains n’en ont pas conscience. La première fois que je suis allé en Afrique noire, en 2010, j’ai tout compris. Il y a en Afrique un côté simple et premier degré. J’ai été fasciné par les gens. Or il se trouve aussi que c’était le seul continent où il n’y avait pas de plateforme consacrée au design. Je me suis dit que j’étais très bien placé pour combler ce vide.

 

Vos concurrents se plaignent que vous rafliez tous les marchés. Vous avez des amis haut placés ?

Je peux résumer mes 19 ans de carrière en deux mots : abnégation et blocages. Les gens pensent que mon nom me facilite la vie, mais beaucoup ignorent que j’ai d’abord réussi à l’étranger avant de débarquer au Maroc, et là-bas mon nom ne veut rien dire. D’ailleurs, même au Maroc, c’est très cliché de croire que parce que je m’appelle Lahlou, tout est plus facile. Je ne rafle aucun marché. Je fais mon petit bonhomme de chemin.

 

Vous avez pensé et réalisé toutes sortes d’objets : abribus, bouteilles d’eau, boîtes de thé, voitures… N’y a-t-il donc aucune limite au design ?

Je suis ce qu’on appelle un designer global. Par contre, je ne suis pas un designer de mode. Je considère que c’est un métier à part entière, différent du mien.

 

Etes-vous plus artiste ou businessman ?

C’est vrai qu’être designer, c’est être à la fois artiste et entrepreneur. C’est un combat de tous les jours. Ce n’est pas un métier, c’est un art appliqué qui, en plus, est nouveau…

 

Le design, ça nourrit bien son homme ?

Je sais gagner ma vie. Mais je ne sais pas faire d’argent… et je ne suis pas le seul.

 

Vous êtes un adepte de la com’, du marketing et des mondanités. Ne seriez-vous pas au design ce que Mehdi Qotbi est à la peinture ?

Je ne suis pas du tout un lobbyiste. Je ne suis pas vraiment mondain non plus. Hicham Lahlou est quelqu’un de très tranquille dans son petit coin. J’ai parfois fait face à des périodes très difficiles. On peut dire que je ne suis pas prophète en mon pays. Quand on est connu, c’est parfois plus difficile chez soi qu’ailleurs.

 

Antécédents

1973 : Voit le jour à Rabat.

 

1995 : Diplômé de l’Académie Charpentier à Paris.

 

2000 : Participe à la biennale du design à Saint-Etienne. Début du succès international.

 

2008 : Figure dans une anthologie sur le design, In the arab world now.

 

2012 : Elu pour la deuxième fois « designer industriel de l’année » par le site web international Ego Design.

 

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