Les quatre partis de la coalition gouvernementale ont adopté une nouvelle charte de la majorité. Abdelilah Benkirane et le PJD ne seront plus les seuls maîtres à bord.
Six mois après la formation d’une nouvelle majorité et d’un nouveau gouvernement, les quatre partis au pouvoir (PJD, RNI, MP et PPS) ont adopté une nouvelle charte. Ce document, signé le 20 mars et décliné en quatre pages, détaille les engagements de la majorité, mais impose surtout des contraintes à ses composantes. « La nouveauté est justement cet ensemble d’aspects contraignants pour tous et qui débouchent sur une réelle action collective », affirme Abdelahad El Fassi, l’un des deux membres PPS (le ministre Abdeslam Seddiki étant le deuxième) de la commission de réaménagement des priorités de la majorité.
Coordination tous azimuts
Concrètement, les secrétaires généraux des partis de la majorité seront dans l’obligation de se réunir une fois par mois. Ils pourront aussi se rassembler de manière exceptionnelle pour débattre d’un sujet urgent, à la demande de l’une des quatre formations. L’irrégularité des concertations au sommet était l’un des principaux griefs de l’Istiqlal. L’autre nouveauté est que cette concertation gouvernementale sera étendue aux groupes parlementaires de la majorité au sein des deux chambres. Ces groupes auront une présidence annuelle tournante et se réuniront au moins une fois par mois. « L’idée est de créer des passerelles entre nos élus et conseillers, mais surtout d’instaurer une réelle action commune », affirme Abdelahad El Fassi. La coordination sera aussi verticale puisque les groupes parlementaires devront adresser des rapports périodiques aux SG des partis de la majorité et les rencontrer à la fin et au début de chaque session parlementaire. Dans l’idéal, la majorité cherche à accorder ses violons concernant l’examen, l’amendement et le vote des lois au sein des deux chambres pour mettre fin à une certaine cacophonie qui a caractérisé jusque-là l’attitude des députés et conseillers des quatre partis.
Un nouveau départ
« Je pense que l’adoption de cette charte sera un nouveau départ pour la majorité et qu’il y aura une réelle concertation », se réjouit Lahcen Haddad, ministre MP du Tourisme et membre de la commission de réaménagement des priorités de la majorité. Le spectre d’un éclatement de la coalition gouvernementale, comme ce fut le cas avec l’Istiqlal de Hamid Chabat, est-il définitivement écarté ? « Tout le monde veut réussir cette expérience et nous devons avoir le courage d’affronter les situations imprévues et gérer d’éventuels différends », répond le responsable haraki. Même son de cloche de la part de Rachid Talbi Alami, porte-parole du RNI et également membre de la commission de réaménagement. « Pour le moment, il n’y a pas de différends. Nous avons travaillé jusque-là sans le moindre problème », affirme ce candidat à la présidence du parlement. Au parlement justement, c’est un autre défi qui attend Abdelilah Benkirane. Il devra se présenter devant les élus à la mi-avril pour présenter le bilan de son gouvernement à mi-mandat et dévoiler son programme pour l’avenir. « C’est une déclaration gouvernementale qui ne sera suivie d’aucun vote et elle pourra se faire devant les deux chambres réunies », explique un responsable de la majorité. « Cette déclaration a été remise aux chefs des partis de la majorité et nous n’attendons que leurs remarques et éventuelles rectifications », conclut Rachid Talbi Alami.
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