Le Maroc, qui avait vivement répliqué diplomatiquement le mois dernier à des dépôts de plaintes à Paris pour « torture » et « complicité de torture » contre un de ses responsables, a annoncé avoir engagé mardi des poursuites judiciaires en France contre leurs auteurs.
Le ministre de l’Intérieur, Mohammed Hassad, « agissant au nom de l’Etat marocain, a chargé des avocats de déclencher des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs de plaintes mettant en cause de hauts responsables marocains, pour des allégations de torture qu’ils savaient inexactes« , a indiqué ce ministère dans un communiqué.
Si la nature précise de l’action en justice n’est pas mentionnée, le texte souligne qu’elle a été déposée auprès « du Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de Paris« .
Le ministère de l’intérieur affirme respecter l’Etat de droit
Le ministre de l’intérieur y dénonce notamment une « instrumentalisation de la procédure judiciaire française » et des « dénonciations calomnieuses ». Elle « dévoile les motivations réelles de cette manipulation, à savoir la déstabilisation des organes de sécurité relevant du ministère de l’Intérieur, notamment la DGST« , une institution agissant « dans le strict respect de l’Etat de droit« , avance encore le communiqué.
Pour rappel, plusieurs plaintes ont été déposées le mois dernier à Paris contre le patron de la Direction général de la surveillance du territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi (lire notre portrait de l’homme le plus secret du royaume) , pour « torture » et « complicité de torture ».
Ces plaintes ont entraîné une brusque détérioration de la relation d’ordinaire bien huilée entre le Maroc et la France, deux pays alliés. Rabat s’était notamment montré furieux de la venue, le 20 février, de policiers à la résidence de l’ambassadeur du Maroc pour notifier à M. Hammouchi – dont la présence à Paris avait été rapportée – une convocation d’un juge d’instruction.
Malgré un échange téléphonique entre François Hollande et le roi Mohammed VI, le Maroc a décidé dans la foulée de suspendre tous ses accords de coopération judiciaire avec la France, et cette mesure n’a pas été levée à ce jour.
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