Manifeste. Les chroniques qu’Adonis a publiées tout au long du Printemps arabe sont un plaidoyer pour une rupture avec la pensée religieuse.
Les lecteurs d’Al Hayat, Al Qods Al Arabi, Al Safir, etc. ont pu découvrir les prises de position d’Adonis sur les soulèvements dans le monde arabe. Un recueil réunit les chroniques, lettres ouvertes, discours et entretiens qui martèlent avec constance son appel à une révolution copernicienne dans les valeurs structurantes du monde arabe. Depuis son tonitruant Manifeste du 5 juin 1967, qui dénonçait les archaïsmes de ces sociétés et les déchirements de l’homme arabe contemporain, le poète plaide sans relâche pour la modernité. « Pourquoi nous, les Arabes, n’avons-nous pas réussi, depuis quinze siècles, à fonder un Etat de droit reconnu universellement ? » Plus attachés à l’actualité politique et moins lyriques, ces textes dénoncent la réification de la pensée critique arabe, suite aux manipulations du passé par des dirigeants soucieux de régner sans partage et aux échecs des idéologies qui ont « chosifié l’intellectuel en pétrifiant sa fonction ». Adonis prône une critique exigeante des concepts.
La place et le rapport à la religion constituent le cœur de son argumentation : seule la laïcité peut fonder une vraie citoyenneté et une véritable démocratie. Adonis s’interroge sur les racines psychoculturelles, économiques et politiques qui en bloquent le développement dans le monde arabe. Il plaide pour le droit à la différence, l’égalité entre hommes et femmes, appelle à sortir des appartenances ethniques et tribales pour clamer son appartenance à l’humanité, envisagée dans son pluralisme. Bref, à des changements qui ne feraient que remplacer un tyran par un autre, il préfère une remise en cause des structures. Quitte à ce que ce soit une « révolution par la non-révolution »…
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