Dans la dernière pièce de Driss Ksikes, les rescapés de l’incendie de l’immeuble 48 veulent comprendre pourquoi leur Babel n’est plus.
La geek a vingt ans, est née le jour où l’immeuble 48 a été détruit par les flammes. Le printemps arabe a réveillé des images en elle. Sur la Toile, elle a traqué les survivants, leur a proposé de se retrouver. N’enterrez pas trop vite Big Brother est l’histoire de ces retrouvailles. Il y a Salim, opérateur financier fasciné par la Chine, Adib, édictant en ligne « des avis arrêtés » très réactionnaires, Halima, louant des appartements à des femmes célibataires. Bientôt arrive Kalthoum, porteuse de trophées glanés après l’incendie, et le mystérieux Absaloum, marketeur et packageur des « idées les plus improbables ». Marqués d’une même blessure et animés d’une même envie de comprendre ce qu’il s’est passé, ils n’envisagent pas les choses de la même manière : faut-il reconstruire l’immeuble ? En recréer l’esprit ? En faire un musée ?
Dans l’évocation de leurs souvenirs, c’est toute une société qui se dessine, comme un Immeuble Yacoubian disparu. L’immeuble 48 avait sa concierge, son commissaire, ses poètes, ses couples amoureux, ses filles libres, ses patrons autoritaires, ses vieux sages. On y parlait toutes les langues. Peu à peu, c’est moins se souvenir qui importe que de savoir qui a mis le feu. Il s’agit d’écrire l’histoire. A moins que tout cela ne soit qu’une invention ? Ou un montage ? Et un montage réalisé par qui ? Et à quelles fins ? Driss Ksikes entrelace les interrogations des uns et des autres sur la liberté, l’amour, la révolte et sur le sens de leur démarche. Au final, c’est « chacun sa vérité ».
La pièce a été présentée pour la première fois au Maroc dans le cadre du festival Etonnants Voyageurs le 8 mai à 20h au théâtre Mohammed V de Rabat.
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