Le second roman de Driss C. Jaydane met en scène angoisses, traumatismes et obsessions intimes et collectifs. Les nôtres.
« Si vous le désirez, je peux vous raconter mon rêve », propose le premier hôte de cet étrange divan. Dès les premières pages, Driss C. Jaydane oriente les lecteurs vers la psychanalyse : récit de rêves peuplés de scènes inquiétantes, retour sur les figures des parents, exploration des souvenirs. Le narrateur évoque ses terreurs archaïques, ses obsessions. Mais qui est ce narrateur ? Il avait pourtant prévenu : « A chaque fois c’est pareil, j’éprouve la sensation que ce rêve, d’autres que moi pourraient le raconter ». Au fil des pages, les souvenirs laissent place à des faits divers, dont les versions se multiplient. Car ce sont les voix qui se multiplient : « Mon frère, laisse-nous un peu profiter de ton divan… », supplie l’un de ces nombreux patients qui piratent la psychanalyse du narrateur initial. Le divan se transforme en banquette de taxi blanc où l’on pratique le « tberguig », chacun prétendant détenir la vérité, puis en tribune où l’on énumère les maux de la société : misère, acculturation, regard condescendant des étrangers… « Vivons-nous dans le même pays ? » Le narrateur initial veut appliquer une « Méthode » aux conséquences graves, « le prix à payer pour écrire la vraie histoire des gens de ce pays. Afin qu’ils puissent se voir tels qu’ils sont vraiment. » Et le livre se termine ainsi : « Dis-leur que nous ne craignons plus rien ».
Ce deuxième roman de Driss C. Jaydane est un texte d’une complexité remarquablement maîtrisée, jonglant entre les registres, la psychanalyse, le cri, le récit de faits divers, la lettre ouverte… et bien sûr le discours politique. Texte cri ? Texte symptôme ? Driss C. Jaydane pulvérise la linéarité du récit pour proposer un parcours chaotique, tantôt drôle, tantôt grinçant, ouvert à toutes les lectures.
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