Exposition. Depuis quelque temps, la photographie d’art marocaine a pris son élan. Parmi ses représentants les plus convaincants, Khalil Nemmaoui, assurément.
Une chose est certaine, il est l’un des photographes d’art les plus intéressants de la place. Autre certitude, il a pris son temps. Né en 1967, il a fallu attendre 1999, année du Maroc en France, pour apprécier son premier travail marquant : une série de photographies en noir et blanc, tirée en argentique, captant les ambiances, à la fois bonhommes et interlopes, caractérisant les vieux bistrots casablancais. Pour des raisons de discrétion, faciles à appréhender, lesdites photographies étaient prises à hauteur du zinc, avec une intention de « flou artistique » des plus esthétisantes.
Depuis, Nemmaoui, l’homme aux multiples vies – banquier, photographe de pub et reporter déco – a fait sa place. En 2009, sa série « La maison de l’arbre » a été présentée à la très prestigieuse Biennale Photoquai du musée du Quai Branly, à Paris. Depuis, les expositions à caractère international se sont succédé.
Kalil Nemmaoui expose, en ce moment, son dernier travail à la galerie Shart, à Casablanca, sous le titre « e-qui-lib-ri-um » – les artistes de talent étant libres d’user du charabia qu’ils veulent. Tirées, comme il se doit actuellement, sur du papier Fine Art, les œuvres en question sont d’une rare délicatesse.
Saturation et clair-obscur
Nous le savions, Nemmaoui est un cinéphile de première, doublé d’un individu plastiquement cultivé. Il n’empêche qu’il est toujours gratifiant de se voir confirmer ses premières impressions. Qu’est-ce à dire ? Ses photographies relèvent à la fois et/ou tour à tour de David Lynch et de la peinture paysagiste flamande. Couleurs saturées contre clair-obscur. Tout cela se tient. Il y a quelque chose d’indéfiniment américain dans les paysages parfaitement marocains – pour ne pas dire beldi – de Nemmaoui. Grandeur, solitude, existentialisme et autre perfectionnisme au niveau tant du cadre que de l’exécution.
E-qui-lib-ri-um, photographies, Galerie Shart, à Casablanca. Jusqu’au 15 mars 2014.
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