Victoire. Sotto Voce, à la conquête du détroit

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Tiercé gagnant pour Kamal Kamal, qui remporte trois prix au Festival national du film de Tanger : le Grand prix du jury, les prix du son et de la musique.

Des sourds-muets qui vocalisent, un orthophoniste mélomane, un passeur fou de Dieu… le dernier long-métrage de Kamal Kamal offre à voir un monde onirique très vite rattrapé par l’absurdité de la guerre. 1958, l’Algérie, en pleine guerre de libération, bouillonne. Sotto Voce raconte l’histoire d’un groupe de sourds-muets, un peu attardés, promis à la guillotine après le meurtre de leur directeur d’asile. Tuer un Français équivaut à la peine capitale sur cette terre toujours colonisée. Cap vers Tlemcen pour rejoindre Oujda, arrière-pays politique de la révolution algérienne. Arrivés à la frontière, les clandestins n’ont qu’une seule chance pour rejoindre le Maroc : traverser la ligne Morice. Plus de 700 kilomètres de barbelés électrifiés, un terrain miné… autant dire une frontière infranchissable.

Comme à son habitude, Kamal Kamal se révèle aussi bon musicien que réalisateur. Ce dernier, ému aux larmes lors de la remise des prix, s’est dit heureux qu’on reconnaisse enfin sa musique, qui est un personnage de taille dans le film. D’abord par son titre, Sotto Voce (A voix basse), qui donne immédiatement le ton. Puis, par la présence d’un opéra (entièrement composé et écrit par le cinéaste), qui brode entre fiction fantasmée et réalité crue. Après trois ans de tournage dans la souffrance et les difficultés, Kamal Kamal a enfin accouché d’une belle œuvre reconnue.  

Merveilleuse interprétation de Jihane Kamal, Ahmed Benaïssa, Mohamed Choubi et Mohamed Bastaoui.

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