L’employeur accusé de l’homicide de Fadma, sa domestique mineure, a écopé de 20 ans fermes. Une sentence inédite qui ne suffira pas à prévenir d’autres drames du genre.
"Est-ce qu’une petite bonne doit mourir chaque jour pour que leur calvaire attire l’attention des gens ? », questionne amèrement Houda Bourahi, directrice opérationnelle de l’Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (INSAF). Si « l’affaire Fadma » a eu le mérite d’attirer l’attention sur la situation des petites bonnes et s’est clôturée fin janvier sur un verdict exemplaire, les associations rappellent que ce n’est pas un cas isolé. « Ce drame aura certainement un impact sur les responsables politiques, mais nous allons continuer à faire pression », annonce Omar Saadoun, membre du Collectif pour l’éradication des petites bonnes, dont deux associations (Insaf et Bayti) se sont portées partie civile pour le procès de l’employeur de Fadma. Le collectif a d’ailleurs envoyé un mémorandum à l’ensemble des partis politiques ainsi qu’au Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour demander l’entrée en vigueur d’une loi spécifique à l’emploi des enfants petites bonnes. Dans le projet de loi sur le travail domestique, proposé en 2010 et actuellement discuté au parlement, seul l’article 4 concerne les petites bonnes. Cet article n’interdit pas l’emploi d’un mineur entre 15 et 18 ans, mais impose un cadre légal comme l’apprentissage. Un texte jugé « insuffisant » par Houda Bourahi car il n’apporte rien de plus à la législation actuelle. « La loi n’explique pas avec quels outils nous pourront savoir si une petite fille travaille chez un particulier. Elle n’aborde pas non plus la réparation des dommages ou la réinsertion des victimes », illustre Houda Bourahi. Autant de questions qui montrent la nécessité de mettre en place des mécanismes concrets de prévention et de protection.
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