Le septième roman de Véronique Tadjo, publié en coédition solidaire, évoque avec délicatesse les équilibres à négocier en Côte d’Ivoire.
Qu’est-ce qu’un homme sinon « un misérable tas de petits secrets » ? C’est ce que découvre Nina, venue de Paris enterrer son père à Abidjan. Le « très regretté Dr Kouadio » était un notable, un médecin renommé, « qui a tant fait pour notre pays ». Dans cette atmosphère électrique de préparatifs et de guerre civile, l’icône est écornée par diverses révélations. Le défunt était criblé de dettes, superstitieux, adepte de magiciens, guérisseurs et autres devins. Il était aussi polygame et a laissé de nombreux enfants dont Nina découvre l’existence…
La romancière franco-ivoirienne ne raconte pas seulement l’histoire d’un deuil mais la quête d’une femme adulte qui fait un choix de vie. A son compagnon qui lui demandait : « Qu’est-ce qui fait un pays ? », Nina répond : « Je ne sais pas. Les souvenirs, je suppose ». Et d’énumérer : « Oui, les souvenirs… la qualité du ciel, le goût de l’eau, la couleur de la terre. Les visages. Les temps d’amour et les déceptions ». Mais tant de temps a passé, et si peu de choses ont été transmises. Avec finesse, Véronique Tadjo évoque aussi la complexité d’un pays en train de sombrer, sa corruption endémique, le poids des traditions.
Ce livre est publié dans la collection Terres solidaires, expérience pilote de l’édition équitable. Depuis 2007, elle a pour but de racheter les droits d’auteurs africains publiés en France pour les publier à un prix plus accessible. Un comité de lecture panafricain (dont le club de lecture de la Médiathèque d’Oujda) en a sélectionné le manuscrit, la maquette a été faite en Algérie, l’intérieur au Togo, la couverture au Maroc et l’impression en Tunisie. Déjà au catalogue : Driss Chraïbi, Boubakar Boris Diop, Emmanuel Dongala… A suivre.
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