Tahar Ben Jelloun écrit le témoignage d’un homme atteint par le cancer de la prostate et met des mots sur une maladie vécue en silence.
C’est la troisième cause de mortalité par cancer chez l’homme. Le cancer de la prostate, aujourd’hui mieux dépisté, reste tabou. C’est ce silence que souhaite briser Tahar Ben Jelloun, en prêtant sa plume à son ami malade. L’homme qui dit je dans ce livre est chercheur en mathématiques, veuf, un peu cavaleur, la cinquantaine dépassée… Tous ceux qui souffrent de cette maladie pourraient s’identifier à lui. On suit le narrateur dans la découverte de son mal, dans les examens de dépistage – décrits crûment –, au réveil de l’opération. On l’accompagne surtout, au-delà de la douleur, dans sa souffrance psychologique : le sentiment d’amputation, même si rien ne se voit, la dépression et surtout l’angoisse de devoir renoncer à une vie sexuelle. C’est sur ce cheminement physique et psychique que s’attarde Tahar Ben Jelloun, qui a « choisi de ne rien laisser de côté », de tout dire. L’Ablation est un livre sur le rapport des hommes à leur corps, à leur sexe et à leurs sentiments, à la vie et à la mort.
Il n’est pas question ici de littérature, même si l’écrivain estime que l’univers médical est « un monde passionnant, empli d’une matière riche et féconde pour l’écriture », et même s’il avoue avoir confié ses propres angoisses et fantasmes. Sa préoccupation principale n’est plus la recherche formelle ni la puissance du récit. Encouragé par le médecin de son ami, l’écrivain souhaite que son récit rende « service à beaucoup de gens, et pas uniquement aux hommes qui subissent l’ablation de la prostate, mais aussi à leur entourage, leur femme, leurs enfants, leurs amis, qui ne savent comment réagir ». Du coup, il fait un livre utilitaire, de vulgarisation, à mi-chemin entre le roman et le guide pratique.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer