La loi de finances 2014 n’a pas fini de faire parler d’elle. Après le débat sur l’amnistie des “ fuyards de capitaux”, c’est la taxe aérienne instaurée par le ministre du tourisme, Lahcen Haddad, qui relance la guerre entre le gouvernement et l’opposition. Décryptage.
Les prix des billets d’avion vont encore augmenter. Une nouvelle taxe aérienne en sera responsable. Cette dernière est un amendement de la loi de finances 2014, proposé par le ministre du tourisme Lahcen Haddad. La taxe, qui sera appliquée en avril prochain, augmentera le prix des billets d’avions en classe économique de 100 dirhams, et celui de la classe business de 400 dirhams. Selon le ministre du tourisme, elle pourrait rapporter 800 millions de dirhams au Maroc. Ce bénéfice sera partagé à part égale entre l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et les fonds de cohésion sociale.
L’IATA gronde…
L’horizon n’est toutefois pas dégagé pour l’envol de la « Taxe Haddad ». La sonnette d’alarme a été tirée par l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui regroupe 240 compagnies et couvre 84% du trafic aérien mondial. D’après une lettre adressée par l’association au ministère du tourisme, la taxe pourrait entrainer une hausse de 2,2% en moyenne du prix des billets et entrainerait une baisse de 2,3% du nombre de touristes qui arrivent par voie aérienne au Maroc. L’IATA mentionne également une perte de 1,1 milliard de dirhams et une menace qui pèserait sur 13 000 emplois.
Si l’on en croit le communiqué de presse du ministère du Tourisme, ladite lettre ne serait jamais parvenue au ministère. Lahcen Haddad se dit “sceptique par rapport au supposé impact qu’aura une redevance de 9 euros (100 dirhams) et qui représente à peine 1% du cout des voyages moyens au Maroc”.
…tout comme l’opposition
Autre contestation, celle des partis de l’opposition. “Du côté de notre parti, nous nous sommes immédiatement opposés à cette taxe. Comme à son habitude, le gouvernement l’a faite passer comme un amendement de la loi de finances 2014” , explique Mehdi Mezouari, député de l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires) et membre de la commission des finances à la chambre des représentants. Le militant du parti de la rose déplore le “manque de concertation avec les acteurs locaux de ce secteur, notamment la Royal Air Maroc (RAM). Il est regrettable qu’une compagnie qui se remet à peine d’une crise soit handicapée par ce genre de taxes. Qu’en est-il des compagnies low-cost qui vendent des billets à 30 euros? ”. Le député tient toutefois à indiquer “ que le groupe USFP n’a pas voté contre cette taxe car une partie des bénéfices sera reversée aux fonds de cohésion sociale. Du coup, nous nous sommes abstenus. ”
Le ministre du tourisme indique, pour sa part, que “ la RAM et l’Office National des Aéroports ont été informés de cette taxe. La RAM ne risque pas d’être affectée avec des prix de billets oscillant entre 500 et 900 euros ” et ajoute : “concernant les compagnies low-cost, je me suis personnellement déplacé à Londres pour discuter avec les dirigeants de Ryanair. Des discussions ont été entamées avec Easyjet et d’autres compagnies.”. Haddad se veut rassurant quant à l’attractivité touristique du royaume : “il y’a des pourparlers hebdomadaires avec les compagnies aériennes et des poches potentielles de croissance s’ouvrent dans de nombreuses régions notamment au Brésil, au Moyen-Orient, en Asie ainsi qu’en Afrique.”.
Chez le Parti Authenticité et Modernité, on se veut plus radical : “La loi de finances dans son ensemble qui doit être revue. ” déclare Milouda Hazeb, membre de la commission des finances au parlement et présidente du groupe authenticité et modernité au sein de l’hémicycle. Hazeb, qui travaille dans le secteur du tourisme pense que “cette taxe réduit l’attractivité du Maroc auprès des tours opérateurs. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs annulé des voyages vers le Maroc. ”. Selon la représentante du parti du tracteur “il est ironique que cette taxe bénéficie à l’ONMT tout en entravant son travail de promotion. Il faudrait tout simplement supprimer l’ONMT.”. Pour la députée du PAM : “cette taxe illustre la politique du gouvernement de Benkirane. Aucune concertation n’a été effectuée avec les partis de l’opposition. ” Le dernier mot reviendra aux usagers.
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