Fresque. Le spectateur ne sent pas passer les trois heures du Loup de Wall Street, un film enivrant sur la vie d’un trader qui a vraiment existé.

Il y a des gens que le lancer de nains fait rire, revigore et stimule. Ces personnes sont peut-être dotées de deux neurones, mais elles ont régné sur l’empire de la finance des années 1990 et se sont incroyablement enrichies. Le loup de Wall Street nous les montre sous toutes les coutures, ces drôles de créatures capables aussi  d’engranger 22 millions de dollars en 3 heures. Le film est donc l’histoire d’une bande de traders voyous (dont l’excellent Jonah Hill)  aux ordres du flamboyant Jordan Belfort, joliment interprété par Leonardo DiCaprio. Les penny stocks (des actions à très faible valeur) n’ont aucun secret pour Jordan, qui forme son armée d’escrocs à plumer les gens. Martin Scorsese nous montre bien au début du film que ce jeune golden boy trentenaire a eu quelques scrupules lorsqu’il faisait ses gammes. Mais dans une scène d’anthologie avec  Matthew McConaughey, ce dernier lui rappelle la règle du jeu à Wall Street : « Mettre l’argent du client dans ta poche ». Le jeune Belfort questionne naïvement : « Mais s’il en profite aussi, tout le monde y gagne non ? », la réponse de McConaughey est laconique : « Non ! ». Mais très vite, Jordan Belfort s’en accommode très bien. Orgies, drogues et dépenses extravagantes à plusieurs zéro deviennent une deuxième nature pour cet homme qui a réellement existé et qui a passé de longs mois en prison pour fraude et blanchiment. Car forcément, ça finit mal pour le Jordan qui se fait un rail de coke sur le derrière d’une fille de mauvaise vie – restons polis. Le schéma du héros scorsesien est donc respecté dans ce film : ascension, chute, et une toute mini-mini-rédemption. Les amateurs des bandits à la Scorsese ne seront pas déçus. Le réalisateur septuagénaire est toujours capable de livrer de grands films avec une réalisation enivrante. Le loup de Wall Street a donc toute sa place près de Taxi Driver, Casino, ou encore Raging Bull, que nous vous invitons à voir ou revoir.