Un forum social a réuni plusieurs centaines d’associations qui œuvrent dans les quartiers populaires de Casablanca. Un moyen pour elles de renforcer leur alliance et de prouver leur force.
La périphérie de Casablanca se bouge et compte bien se faire entendre. C’est en tout cas ce qui est ressorti du Forum social des quartiers populaires qui a eu lieu aux anciens abattoirs du 6 au 8 décembre. Initiée par Forum des Alternatives Maroc (FMAS), Action jeune Resaq ou encore Action Femme, la rencontre avait pour objectif de rassembler des associations de quartiers pour échanger des expériences, créer des synergies et développer une force collective. « Ce forum ne s’est pas monté du jour au lendemain, il découle d’un long travail de concertation entres les différentes organisations. C’est la première fois qu’on est parvenu à réunir autant d’acteurs. Tant mieux, car c’est en passant par la coordination que la société civile sera plus forte et plus efficace », commente Ghassan Waïl, membre du FMAS. Sur le terrain, la manifestation a pris les airs d’un joyeux melting-pot, regroupant ainsi militants du Mouvement du 20 février, acteurs culturels, pré-adolescents, hajjas en jellaba ou encore altermondialistes. Le tout sur fond de raï et de hip-hop.
Des débats et des idées
Tout au long du week-end, les associations ont participé à des séances plénières pour débattre de la gestion de la ville, du budget public et des économies sociales et solidaires. L’occasion de provoquer des échanges entre des personnes issues d’horizons divers. Cela a notamment été le cas lors d’une discussion sur le tramway. « C’est le symbole du néocolonialisme ! On ne connaît pas les dessous de cette vente entre la France et le Maroc », argumente un militant d’Attac. « Mais moi je me fiche de ces histoires d’économistes, ce qui compte c’est que le tramway me permette de sortir de Sidi Moumen pour rejoindre le centre-ville », lui rétorque un jeune avec nonchalance.
L’une des séances les plus marquantes a sans doute été celle sur l’économie sociale et solidaire puisque, pour la première fois, une soixantaine de vendeurs ambulants et autant de femmes, qui travaillent à domicile ou dans l’informel, sont venus évoquer leur quotidien et présenter leurs revendications. En plus de s’organiser en coopérative et d’avoir droit à une couverture sociale, beaucoup ont lancé l’idée de coopératives d’éducation. « Des crèches ou des écoles financées grâce aux gains de ces structures », précise Ghassan Waïl.
« Liberté, dignité, justice »
« Comptons sur nous-mêmes et non pas sur l’Etat », tel est le constat partagé par l’ensemble des acteurs associatifs au cours du forum, qui ont souvent l’impression d’être seuls dans leurs combats. A la fin du week-end, les participants ont acclamé les conclusions tirées du forum : échec du plan « Villes sans bidonvilles », protection du droit au logement, développement des coopératives de quartiers, préservation des espaces publics, protection des femmes (majoritaires lors de cet évènement) ou encore solidarité entre les différentes associations. Toute la question étant de savoir si ces appels à la coordination resteront des vœux pieux ou s’ils trouveront des réalisations concrètes. « Ce qui est sûr, c’est qu’un processus a été enclenché. La société civile bénéficie d’un ancrage populaire mais elle doit se fédéraliser pour se faire entendre des élus », estime Abdellah Zaâzâ, fondateur du Resaq.
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