1. Il est contracté à la va-vite
« Analphabètes, elles ont signé en quelques minutes des contrats qu’elles ne comprennent pas », tonne Amina Morad, chef de file des 4500 femmes qui refusent de rembourser leurs prêts dans la région de Ouarzazate. Les bénéficiaires sont en effet mal informés des frais annexes, des pénalités de retard ou encore du non-rééchelonnement des dettes. Raison : les agents des organismes de microcrédit, soumis à des objectifs de rentabilité, doivent faire signer un maximum de contrats. « Nous fonctionnons à la prime », concède Mohammed, agent à Ouarzazate.
2. Il est souvent mal utilisé
« Ici, 2000 dirhams en poche, c’est énorme », argue Amina Morad. Et cette somme peut-être utilisée, non pas pour financer un projet, mais pour des besoins très personnels. Et de citer l’exemple de femmes qui ont réglé leurs frais de santé avec des microcrédits. D’autres femmes contractent des microcrédits pour en rembourser d’autres et mettent ainsi un pied dans l’enfer du surendettement. « Le microcrédit nécessite une surveillance et un contrôle, or ce travail n’est pas toujours fait », se désole un employé du Centre Mohammed VI de soutien à la micro-finance.
3. Son impact n’est pas analysé
Le microcrédit n’est pas toujours un outil au service du développement. « Il s’agit le plus souvent plus de bancariser une population isolée et modeste que de lui venir en aide », estime la militante Amina Morad. De plus, son impact au Maroc est très difficile à évaluer car il n’a été que très peu étudié. Pourtant, ses bienfaits économiques « sont largement surévalués », écrit l’économiste Yazid Arifi dans une étude consacrée au micro-crédit, publiée récemment. J.C.
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