Du pain et des voix
Grosso modo, on reproche au PJD de vouloir instrumentaliser la réforme de la Caisse de compensation à des fins électorales. Ses adversaires politiques ont qualifié la proposition de remplacer les subventions par la distribution d’aides directes aux plus démunis, comme un moyen de se payer des voix pour les futurs scrutins électoraux. Quelle mauvaise foi ! On a beau railler Benkirane chaque semaine, le traiter de ta9lidi, de rétrograde et autres gentillesses qui doivent lui hérisser la barbe et les aisselles, il faut malgré tout admettre que son parti est sorti vainqueur des élections les plus transparentes de l’histoire du royaume. Alors, des électeurs disciplinés comme des jihadistes, il en dispose déjà. Il n’a pas besoin de leur distribuer deux trois billets bleus par mois pour les attirer aux urnes. Il faut reconnaître aussi que depuis que cette Caisse de compensation nous coûte dans les 60 milliards de dirhams par an (soit 4 fois plus qu’il y a 4 ans), jamais on a été aussi proche d’en finir avec ce système inégalitaire, inefficient comme le qualifient à l’unisson tous les économistes du royaume. Benkirane et ses partisans ont le mérite de vouloir prendre le taureau par les cornes et de proposer un système alternatif à la redistribution de la manne publique. Leur proposition recèle certes des imperfections (notamment la difficulté d’identifier la population cible) mais n’a rien à envier à d’autres modèles d’intégration sociale impulsés par des initiatives royales comme le Ramed ou l’INDH. Alors arrêtons de mettre des bâtons dans les roues à des politiques qui (pour une fois) veulent prendre des risques… Laissons-leur une marge de manœuvre pour agir.
Ce que pensent les hommes (de la majorité)
Les patrons des partis politiques composant la majorité étaient en conclave le week-end dernier. Une réunion très restreinte dont presque rien n’a filtré. Mais notre petite souris a encore une fois pu se glisser dans ce cercle privé. Elle nous rapporte en exclusivité la retranscription non fidèle d’un bout de discussion entre zaïms. Elle nous raconte tout ce qu’ils se sont dit par swab et, en italique, ce qu’ils voulaient vraiment dire :
Nabil Benabdallah : Mrahba, mrahba si Hamid. Oh ! Yasmina Baddou, tu es venue avec lui ! Ça fait vraiment plaisir ! Zut je n’aurais jamais dû sauter ma séance taillage de moustache de ce matin. Maintenant elle va me prendre pour un communiste de l’ère d’avant- Gillette.
Hamid Chabat : Le Chef du gouvernement est-il déjà arrivé ? Est-ce qu’il t’a dit s’il a accepté ma proposition de remaniement ministériel ? J’espère qu’il va dire non, comme ça je lui foutrai un sacré bordel et je prendrai sa place.
Abdelilah Benkirane : Du calme S’di Hamid, je suis là. On va se poser et on va forcément trouver un arrangement. Si tu es cool, je te laisserai devenir ministre. Mais tu resteras moujarrad ministre, w’ana Chef de gouvernement !
Yasmina Baddou : M. Benkirane, la parité au sein du prochain gouvernement n’est pas négociable. Il faut accorder des portefeuilles de grande importance aux femmes. Moi je veux le fauteuil de Nizar Baraka. Je ne vais pas le laisser à ce Nabil Benabdallah qui n’arrête pas de me mater par-dessus sa moustache mal taillée.
Nabil Benabdallah : Il faut peut-être commencer par discuter des élections partielles. Il faut que nous autres alliés au gouvernement allions en front uni. Ne me lâchez pas ana mzaweg, si je ne réussis pas à sauver mon groupe parlementaire, je risque ma peau.
Mohand Laenser : En parlant d’élections, je suis en retard à une réunion. Et puisqu’on n’est même pas d’accord sur quoi on va parler, je vous propose que l’on se retrouve dans 15 jours. Ils me saoulent avec leur histoire de remaniement. Moi je ne suis même pas concerné. Mon patron Charki Draiss ne me lâchera jamais… n
Télégramme de Midelt
Du fin fond du Maroc profond et inutile nous parvient un télégramme. Ne soyez pas surpris : à Midelt, il y a encore des gens qui croient que la fibre optique n’a pas encore creusé son chenal, que la webcam, le courriel et la 4G sont encore un jargon d’extraterrestre. Ils pensent que l’on vit encore dans l’ère où Nekhli dar bouk (je ruinerai la baraque à ton paternel) ou Nsiftek fin trebba (je te conduirai où on refera ton éducation) avaient été des intimidations que l’on pouvait impunément proférer du moment que l’on représentait une autorité quelconque. La preuve avec ce substitut du procureur sorti de l’anonymat de sa bourgade. Ce fonctionnaire (ya7sra censé incarner la loi) aurait foutu des baffes, craché au visage d’un apprenti tôlier avant de l’obliger à lui baiser les pieds. Si ces faits s’avèrent réels suite à l’enquête lancée par le département de Mustafa Ramid, il faut évidemment faire exemple de ce magistrat. On pourrait par exemple lui faire faire le tour de la ville, pieds nus, avec une pancarte disant “Hogra : Stop !”
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