"Stop à l’hypocrisie autour de l’alcool"

Smyet bak ?

El Hassan Belhassan.

 

 

Smyet mok ?

Fadila Bent Mohamed.

 

 

Nimirou d’la carte ?

E148565. C’est le seul que j’arrive à retenir. Je ne me souviens ni de mon R.I.B, ni de mon matricule de salarié !

 

 

Est-ce votre premier interrogatoire ?

Oui, puisque j’ai toujours trouvé le moyen d’y échapper, même aux pires moments de la répression et quand je militais dans la clandestinité au sein du mouvement du 23 mars.

 

 

Monsieur le Conseiller squatte toujours, à l’oeil, une villa en plein centre de Casablanca ?

Certains journaux ont donné à la chose trop d’importance. J’occupe cette villa en tant que logement de fonction et sur décision de mon administration, le Domaine privé de l’Etat. Le reste ne m’intéresse pas. J’ai été condamné à verser 2,5 millions de dirhams, mais l’affaire est toujours en cours. J’attends qu’on me notifie le verdict pour faire appel.

 

 

Cela est arrivé au lendemain de votre refus de voter en commission le budget de la Cour royale. Une coïncidence ?

Je n’en sais rien. Mais les choses sont très simples pour ce qui concerne le vote du budget dont vous parlez. Selon la loi organique de la Loi de Finances, on ne peut voter les budgets sectoriels qu’une fois validé, en séance plénière, le volet relatif aux recettes. J’ai juste rappelé que c’était une violation de la loi. Le président de la commission a insisté et commencé par nous soumettre le budget de la Cour royale. J’ai dit qu’il n’y avait nul besoin de brandir le budget de la Cour comme une sorte d’épouvantail et que notre groupe n’allait voter aucun budget. D’autres groupes ont fait de même : le RNI et le PAM.

 

 

S’opposer au budget de Mohammed VI, c’est quand même un peu fort. Non ?

Du moment que c’est la loi, c’est ce qu’il y a de plus normal. On ne discute pas le fond de ce genre de budgets, mais, dans l’avenir, ils pourraient faire l’objet de plus de discussion et de contrôle.

 

 

Vous avez déclaré qu’augmenter le prix de la bière était une atteinte au pouvoir d’achat des Marocains. A combien, d’après vous, devrait se vendre une « berra » Stork par exemple ?

Je ne suis pas débiteur de boissons. Mais, il y a quatre ou cinq ans, la bouteille de bière coûtait 5 à 6 DH. Aujourd’hui, elle coûte entre 11 et 12 DH. Vous voyez la différence ? Il ne faut plus se voiler la face. Les premiers consommateurs sont des Marocains musulmans et ces hausses obèrent leur pouvoir d’achat.

 

 

Faut-il donc changer la loi qui stipule que seuls les non musulmans ont le droit de boire ?

C’est une autre aberration. Parlons chiffres : la TIC (Taxe intérieure de consommation) sur la bière et les vins a dépassé en 2011 le milliard de dirhams. Sans parler de la TVA et de ce que les tenanciers des bars versent comme impôts. Il faut en finir avec cette hypocrisie autour de l’alcool.

 

 

Dans quel sens ?

Ou bien on opte pour une approche religieuse basée sur le licite et l’illicite, ou on adopte une logique économique basée sur les pertes et les profits. Moi, et je le redis encore, augmenter le prix de la bière est une atteinte au pouvoir d’achat des Marocains. Ce genre d’augmentations aura des conséquences néfastes. D’abord encourager la contrebande, puis, dans certaines régions, favoriser les produits artisanaux et donc nous poser de sérieux problèmes de santé.

 

 

Et vous êtes content de voir des appels, sur Facebook, pour le boycott des boissons alcoolisées le 31 janvier ?

C’est une bonne chose ! C’est l’une des meilleures réactions à ce genre d’augmentations. Sur ces pages, j’ai été copieusement insulté, mais si c’est pour faire avancer le débat, tant mieux alors. Je ne suis pas adepte de l’hypocrisie sociale.

 

 

Sinon, quand avez-vous rencontré Noubir Amaoui, patron de la CDT, pour la dernière fois ?

C’était en 2008 quand il avait pris la décision de retirer les conseillers confédéraux de la Chambre des conseillers. Nous n’avons pas été tenus au courant de cette décision et je pense que c’est une démarche unilatérale de Noubir Amaoui. Cela n’avait débouché sur rien. Un coup d’épée dans l’eau en fait car cela ne nous avait avancé à rien. Nous avons alors décidé de revenir à la deuxième chambre à raison de 6 sur 9 conseillers CDT.

 

 

Cela ne vous gêne en rien d’être des membres d’une chambre illégale ?

Le Conseil constitutionnel a tranché cette question. Notre mandat, selon la loi suprême, se termine la veille de la tenue des élections. Et ce n’est pas de notre faute si le gouvernement tarde à fixer la date de ce scrutin. Mais je vous le concède. Politiquement, cela pose problème puisque cette chambre a survécu à l’ancienne Constitution.

 

 

Vous les syndicalistes, n’avez-vous pas l’impression de faire tache au parlement ?

Nous sommes peut-être les tamassih (crocodiles) de Benkirane ! Sérieusement, la présence des syndicalistes au parlement est salutaire. Nous apportons un plus non négligeable surtout pour ce qui concerne la discussion des lois à portée sociale. Le collège électoral des syndicalistes est le moins pourri de tous. Nos élections sont les plus transparentes. Je reste bouche bée quand l’un ou l’autre des conseillers me dit, sur le ton de la rigolade, avoir dépensé entre 4 et 6 millions de dirhams pour se faire élire.

 

 

En tant que syndicaliste, cela ne vous dérange pas de voir que moins de 4% des Marocains sont syndiqués ?

Les récentes statistiques parlent de 6%, mais cela reste très faible comme pourcentage et, en plus, c’est dispersé entre des dizaines de centrales syndicales. Mais ce n’est pas la faute des seuls syndicats. Il arrive assez souvent que tout le bureau syndical, surtout dans le privé, soit mis à la porte le lendemain de sa constitution.

 

 

Venons-en aux questions qui fâchent. Vous êtes toujours trois ou quatre personnes au PSU ?

(Rires) Impossible, puisque le bureau politique à lui seul compte plus de 21 membres. Je pense que, pour ce qui est des militants encartés, nous avoisinons les 1200. Mais il est vrai que l’organisation, telle qu’elle est aujourd’hui, n’est pas attractive pour les nouvelles élites et les gens qui pourraient nous être acquis en général.

 

 

Est-ce vrai que Hakim Benchemmach du PAM, Driss Radi de l’UC et vous-même aviez passé un pacte pour mener la vie dure à Abdelilah Benkirane ?

Pas du tout. Cependant, aujourd’hui, M. Benkirane doit se mettre en tête qu’il gère les affaires de tout un pays même s’il est le patron d’ « une majorité de la minorité ». Il n’accepte pas la moindre critique, mais je pense qu’il est en train d’apprendre.

 

 

Une dernière pour la route. Vous êtes plutôt pastilla fassia ou tanjia marrakchia ?

J’aime les deux. Mais, entre nous, je leur préfère les lentilles « blkourdass » (tripes et viande séchée).

 

 

Et vous êtes aussi kdim côté musique ?

Exactement ! Oum Kalthoum, mais aussi Doukkali, Belkhayat, Hayani… Evidemment, cela va avec les Nass El Ghiwane !

 

 

Antécédents

 

1957.  Naissance à Marrakech

 

1972.  Rejoint le mouvement clandestin du 23 mars

 

1978.  Obtient son bac en sciences naturelles et entre à l’Ecole Hassania des travaux publics

 

1983.  Est embauché par la Direction des domaines de l’Etat

 

1983.  Est embauché par la Direction des domaines de l’Etat

 

1996.  Rallie la CDT où il préside le premier syndicat marocain des finances

 

1998.  Naissance de son fils Mehdi

 

2003.  Elu à la deuxième Chambre du parlement

 

2009.  Rallie la FDT et préside, depuis, son groupe de conseillers

 

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