Y a-t-il un fkih dans l’avion ?
Abdelaziz Aftati et 17 autres membres d’une délégation PJD ont failli détourner un avion d’Egypt Air à bord duquel ils rentraient de Gaza. Rassurez-vous, ils n’ont pas introduit de cutter sous leurs djellabas pour égorger les pilotes et faire écraser le 767 sur une des pyramides construites par les Bani israël alors qu’ils étaient esclaves. Bien qu’ils auraient aimé faire un geste plus fort aux Palestiniens qu’une simple visite de courtoisie –surtout qu’ils se font damer le pion par leurs rivaux du PAM sur ce terrain-, ils n’iront jamais jusque-là nos barbes lisses, modérées et pacifistes… Aftati et son commando n’ont pas joué aux kamikazes pressés de rejoindre leurs 77 7ouria au paradis. Ils ont juste menacé de perturber, avec civisme, le vol au point de le forcer à rallier l’aéroport le plus proche. Et tout ça parce qu’ils n’ont pas apprécié un film diffusé sur les écrans collectifs de ce moyen courrier. Il contenait des scènes d’amour : rien de pornographique, juste un flirt qui s’éternise, un string qui glisse, un sein qui fait coucou… Aftati et ses disciples estiment qu’ils n’avaient pas à subir cela et surtout que les enfants et les femmes qui étaient à bord ne devaient pas regarder cette dépravation. Ils se sont improvisés fkih du ciel, chargés de la mission divine de dénoncer le mounkar. Si le vol avait duré un peu plus longtemps, ils se seraient peut-être convertis en police des mœurs pour obliger tous les passagers à effectuer une prière et de réciter le dou3ae du voyageur. Mais il ne faut pas leur en vouloir, leur cas relève de la psychiatrie. Un apprenti sexologue de première année vous expliquera que leur réaction est celle de frustrés. “l’altitude et le décalage horaire peuvent provoquer une fulgurante montée de testostérone chez certains sujets”, nous confirme un expert auquel on n’a pourtant rien demandé.
Karaté Kid
Lors de la prochaine séance parlementaire, les 395 députés, ou du moins ceux parmi eux qui auront l’amabilité de venir faire leur job, devraient tous se lever pour saluer solennellement leur Sensei. Karim Ghellab vient de décrocher sa ceinture noire en karaté. On ne rigole plus avec le boss de l’hémicycle. Nos élus bedonnants n’auront qu’à bien se tenir. Fini les enfantillages de cour de récré où tous les députés parlent en même temps pour ne rien dire. Dorénavant, Ghellab pourrait quitter son perchoir pour descendre sur le tatami remettre de l’ordre parmi ses troupes. Sauf qu’on imagine mal Karim clouer le bec à un trublion à coups de Mawashi Geri ou encore de réveiller un député somnambule par une Youkou Geri. Non, il est trop sympa pour faire ça ! Au mieux, son premier Dan de karatéka lui servira pour décrocher une audience pour le casting de Karaté Kid 3. Même quand il sera assez vieux pour devenir Chef de gouvernement, il aura toujours cette bonne bouille juvénile de gendre idéal, mais qu’il ne faut pas trop chercher…
Un prof au tapis
L’école publique marocaine est dangereuse pour l’intelligence des générations futures, ça on le savait. Mais là, elle devient de plus en plus périlleuse pour l’intégrité physique des personnes qui y travaillent. Quelques semaines après qu’un lycéen a égorgé son prof à Salé, voilà qu’un nouveau fait divers vient nous renseigner sur la qualité de l’encadrement dans les établissements scolaires. A Guelmim, un prof se prend la tête avec un de ses collègues, ça vire à la dispute, aux insultes, aux gestes provocateurs avant que l’un d’eux ne dégaine un coutelas pour asséner un coup mortel à l’autre. La pédagogie va atteindre un seuil d’excellence quand la reconstitution du crime est autorisée devant tous les élèves dans la cour de l’établissement : comme ça, ceux qui ont raté la scène en live peuvent au moins se refaire le film. Mais bon, on ne va pas pinailler sur cette indélicatesse policière, on a vu pire… Revenons plutôt à ce sentiment de recrudescence de la violence dans les écoles. Le ministère de l’Education nationale n’a jusque-là jamais révélé de statistiques pour mesurer le phénomène. Peut-être parce qu’il n’y a rien d’alarmant ? Dans ce cas, à quel moment devrait-on s’en inquiéter ? Le jour où on assistera à un remake de la tuerie de columbine, version moudablaja en darija ? Le décor est déjà installé : des collégiens défoncés au karkoubi, ça existe ; des sabres à rendre jaloux Okba Bnou Nafii, ça traîne dans des cartables… Et on n’est jamais à l’abri d’un mauvais trip…
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