Sa vocation est, selon ses propres mots, d’aider à la consolidation du règne de la Charia dans le Nord-Mali. Mais qui est-il vraiment ?
Beaucoup de gouvernements rêveraient de lui mettre la main dessus. Responsable présumé de l’enlèvement et de la mort de plusieurs ressortissants étrangers dans les pays du Sahel, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar vient de quitter Aqmi dont il est à l’origine de sa branche installée au Sahara. Dans une déclaration vidéo, la première pour cet homme dont aucune image authentifiée n’a jamais circulé jusqu’ici, il annonce sa rupture avec Al Qaïda. Mais il ne quitte pas le jihadisme pour autant. Dans cet enregistrement, où il apparaît à visage découvert, drapeau noir et kalachnikov à la main, Belmokhtar annonce la mise sur pied d’un nouveau groupe islamiste armé dénommé les “Al Mouwakioun Biddima” (littéralement, les “Signataires par le sang”). Sa base est installée dans la ville malienne de Gao, contrôlée par le Mujao, une dissidence d’Aqmi.
Belmokhtar met aussi en garde contre toute intervention étrangère dans la région et appelle les musulmans du monde entier à venir renforcer les rangs des jihadistes dans le nord du Mali. Belmokhtar parle aussi du Maroc, dont il accuse la monarchie de l’avoir transformé en “pays de dépravation”.
Surnommé “l’insaisissable” pour n’avoir jamais été arrêté, Belmokhar est l’un des premiers jihadistes installés au Sahara malien, où il est parvenu à se créer de solides alliances tribales et familiales avec des groupes locaux pour sillonner à sa guise cette vaste “zone grise”, très difficile à contrôler, aux confins du sud algérien, du Tchad, du Mali, du Niger et de la Mauritanie. Né en juin 1972 à Ghardaia, à 600 km au sud d’Alger, Belmokhtar est très jeune quand qu’il commence à s’intéresser au jihad, notamment via les moudjahidine afghans, en lutte contre l’armée soviétique au début des années 1980. Il les rejoint en 1991, à peine âgé de 19 ans, et s’entraîne dans les camps afghans de ce qui allait plus tard devenir Al Qaïda. Ayant été touché à œil au combat, à cause d’un éclat d’obus, il y gagne l’un de ses nombreux surnoms : « Laâouar » (le borgne). De retour en Algérie en 1993, juste après l’annulation des élections remportées par les islamistes du FIS, il met à profit son expérience afghane pour devenir l’un des chefs militaires du Groupe islamiste armé (GIA). Lors de la scission survenue en 1998 au sein du GIA, il prend part à la fondation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui deviendra en 2007 la branche maghrébine d’Al Qaïda. C’est l’époque où, justement, il part s’installer dans le Sahara malien.
Pour financer ses activités, notamment l’achat d’armes, Belmokhtar se spécialise alors dans le rapt d’Occidentaux, qu’il a l’habitude d’échanger contre d’importantes rançons. “Beaucoup de pays européens, dont la France, nous versent régulièrement des dizaines de millions d’euros pour laisser leurs ressortissants tranquilles”, reconnaissait, voici quelques semaines, un de ses proches, Oumar Ould Hamaha. Les services de renseignement algériens l’accusent aussi de s’adonner à la contrebande, notamment de cigarettes, d’où son autre surnom de “Mister Marlboro”, ce que contestent ses proches.
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