Les Etats-Unis ont échappé de peu à la catastrophe le 1er janvier, grâce à un accord les empêchant de sombrer dans le précipice budgétaire. Malgré tout, 2013 s’annonce extrêmement tendue pour le pays de l’Oncle Sam, aussi bien économiquement que politiquement.
“Fiscal cliff”. Le mot anglais est traduit, ou plutôt son sens rendu en français, par “précipice budgétaire”. Des semaines durant, il a été le pire cauchemar des Américains, car l’atteindre, c’est engendrer automatiquement et sans vote aucun, un plan d’austérité extrême : coupes drastiques dans les budgets de l’Etat fédéral et hausse massive des impôts pour tous les contribuables. Ce précipice budgétaire – certains lui préfèrent le mot “mur” ou “falaise” – se mettait de facto en place en janvier 2013 si aucune nouvelle mesure n’était trouvée pour sortir la tête de l’eau. Car à force d’emprunts, le pays (et c’est là l’origine réelle du problème) a fini par contracter une dette globale frisant les 16 394 milliards de dollars, le plafond autorisé. Au-delà de ce chiffre, le pays est déclaré officiellement en faillite et se voit interdire tout nouvel emprunt sur les marchés financiers. Techniquement, la collision avec le précipice budgétaire, pour reprendre l’image un brin apocalyptique maintes fois utilisée dans les médias américains, a bien eu lieu le 1er janvier 2013, l’espace de quelques heures, du moins sur la côte est des Etats-Unis. L’impact reste minime, le 1er janvier étant un jour férié et les places financières étant fermées, mais c’était moins une. Comme dans un film, ce qu’avaient bien compris certaines chaînes de télévision qui sont allées jusqu’à afficher un compte à rebours sur les écrans.
Sauvetage in extremis
Car c’est la même nuit, du 31 décembre 2012 au 1er janvier 2013, que les sénateurs américains ont finalement adopté à une large majorité un accord avec la Maison Blanche afin d’éviter le pire. Certes l’accord, signé symboliquement par le vice-président démocrate Joe Biden et Mitch McConnell, patron de l’opposition républicaine au Sénat, est a minima et ne contente aucune des deux parties. Les foyers aux revenus supérieurs à 450 000 dollars par an verront tout de même leurs impôts augmenter —Obama aurait aimé fixer un seuil à 250 000 dollars et les républicains sont en général hostiles à toute hausse d’impôts— et l’imposition des dividendes du capital augmente quelque peu. Par ailleurs, l’accord offre un répit de deux mois aux élus pour mettre au point un plan de réduction des dépenses. Le versement de l’assurance chômage est de son côté allongé, chose qui tenait à cœur à l’équipe démocrate, et certains crédits sont maintenus, comme ceux finançant les études. Mais si la catastrophe a été évitée et les marchés quelque peu rassurés, la bataille est loin d’être terminée.
Le jour d’après
Barack Obama n’a d’ailleurs pas pavoisé et a rappelé : “Gardez aussi à l’esprit que beaucoup de travail nous attend encore”. Des débats très tendus attendent les élus : celui du relèvement du plafond légal de la dette, qui avait déjà eu lieu en 2011 et avait valu aux Etats-Unis une dégradation de leur note par l’agence Standard and Poor’s. Autre question très délicate, celle du secteur de la santé. Sur ce point, Obama s’est dit prêt à un compromis, qui se présenterait sous forme d’une réduction des dépenses publiques en matière d’assurance santé pour les plus pauvres. Mais cela ne pourra se faire qu’à la seule condition que les frais de santé baissent en général. Les républicains, eux, se battront bec et ongles pour préserver le budget de la défense. Au milieu de ce marasme, difficile de voir quelle est la solution idoine. D’abord, une réduction trop importante des dépenses publiques rapproche la menace de la récession. Ensuite, un blocage quant aux hausses d’impôts peut faire progresser l’endettement. Enfin, une dette trop importante peut susciter des crises, qu’elles soient financières ou de confiance. Et ces discussions cruciales auront lieu dans une ambiance des plus moroses, les analystes prévoyant pour 2013 une croissance inférieure à 3%.
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